"L'Empereur ne vous jugera pas à vos médailles ou à vos diplômes, mais à vos cicatrices."
Segmentum Pacificus, Orbite d'Elona, 999.M41. Vers 17h30…
L’alerte était lancée, l’assaut des forces du Chaos sur Elona venait de commencer.- Poste de surveillance Alpha-quatre, ici le QG, contrôle de routine, quelque chose à signaler ?
- Des échos fantômes depuis ce matin mais rien de plausible. Le soleil a tapé fort aujourd’hui et le matériel est vieillissant. C’est peut-être le système qui déconne, mais….. attendez… qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
- Alpha-quatre, un souci ?
- Il y’en a partout…, hurla Alpha-quatre.
- Alpha-quatre, répétez !
- Il y’en a partout ! Comment ils ont fait ? Une flotte du Chaos, elle est gigantesque ! Selon les capteurs, lances navales et canons parés. Chasseurs Hell Talon en approche, nous serons à portée de tirs dans 45 secondes.
- Protocole 6-4-1 déclenché, je répète, protocole 6-4-1 déclenché, hurla Alpha-quatre à l’ensemble de la plateforme de défense orbitale.
- Je contacte Alpha-un, deux et trois, le gouverneur et les régiments au sol. Attaque planétaire de type Majoris en cours. Tenez-bon Alpha-quatre. Le QG ; terminé.
Segmentum Pacificus, Elona, Comté de Niobé, Forêt de Taal, 999.M41. Deux heures plus tard…
La pluie tombait drue sur Elona et rien de ce que l’on pouvait voir à l’horizon prévoyait une accalmie. Etrangement Taille, debout dans la clairière d’un bois, n’était pas pour autant mouillée. En temps normal elle aurait couru se réfugier sous l’abri le plus proche pour éviter de se retrouver trempée par l’averse. Mais là elle ne faisait rien, comme paralysée. Plongée dans ses pensées, le regard perdu, elle observait l’horizon et la pluie qui tombait. Les gouttes d’eau s’écrasaient au sol dans un bruit assourdissant. Le ciel était noir d’encre et strié d’éclairs de toutes les couleurs. Le spectacle était magique et terrifiant à voir. Naviguant dans son rêve éveillé, Taille se remémora soudainement des souvenirs plutôt récents. Des hologrammes, des cris sur la ligne vox, puis…. la pluie. Lentement, comme ankylosé, elle tourna la tête, alertée par des cris venus de sa droite.
- Première classe Tallgott qu’est-ce que vous foutez, il faut que nous rejoig….., hurla le lieutenant Mac Vener, avant d’exploser en charpies touché par un obus tombé du ciel ; une goutte d’eau parmi tant d’autres.
Taille hoqueta de terreur, les morceaux du lieutenant étaient répandus un peu partout autour du cratère que l’obus avait laissé. Paniqué, elle courut, sans trop savoir où aller. La pluie était de plus en plus intense. Les obus grêlaient le sol fertile, les lasers soulevaient des mottes de terres en l’air en laissaient une odeur étrange. Au bout de quelques secondes, l’entrainement de Taille avait repris le dessus, l’heure n’était plus à réflexion, il fallait agir pour survivre. Aux dernières nouvelles, le 24ème avait fui, ce qui ne leur ressemblait pas. Ils avaient dû ramasser sévère pour abandonner leur planète et leur fierté. Quant au 40ème, son régiment, elle n’avait aucune nouvelles ; rien sur le vox.
La pluie était si intense que les bois n’étaient plus une couverture, mais un piège. Les arbres tombaient, pulvérisés par les explosions, ou sciés par la mitraille. Ses amis sur ses pas, Taille courut, sans trop savoir où. Il fallait trouver du soutien, obtenir des informations ; la planète ne pouvait pas tomber comme ça. Peut-être que le terrain d’entrainement du comté de Niobé, ou se passait actuellement de grandes manœuvres, était une bonne idée ?
Segmentum Pacificus, Elona, Comté de Niobé, Terrain de manoeuvre Ignis, 999.M41. Deux heures plus tard…
Cela faisait plusieurs semaines que le 4ème régiment d’Alcatran se trouvait sur Elona, pour participer à de grandes manœuvres avec les locaux et d’autres régiments de l’Imperium. Le moral était maussade dans les troupes, tout comme le temps. Très humide et très chaud à la fois ; un sale moment à passer pour la 4ème. Les exercices étaient éreintants et les relations entre les différents régiments pas toujours optimales. Les hommes préféraient risquer leurs vies ailleurs, que s’enraciner sur ce trou plein de verdure. Mais rien ne pouvait raccourcir ce pénible moment, la discipline et l’autorité des commissaires, et du commandement, canalisant le mécontentement des hommes. La fatalité avait touché l’ensemble des troupes. Ils étaient condamnés à finir ces maudites manœuvres. C’était du moins ce qu’ils croyaient tous. Quelque chose allait changer cela, quelque chose qu’ils auraient préférés ne pas connaître.
Dans un bruit assourdissant, une gerbe de terre s’éleva dans les airs avant de retomber au sol, recouvrant de poussière le peloton du sergent.
- C’est censé être un putain d’exercice, ils sont malades ou quoi, gueula le sergent en toussant, la gorge pleine de poussières.
Le sergent Costa se replia et courut se mettre à couvert à côté de l’officier radio de l’escouade. D’un geste brusque, passablement énervé, il ouvrit une ligne directe avec le poste de commandement.
- PC, ici le sergent Costa, escouade delta, deuxième peloton de la 5ème compagnie du 4ème régiment d’Alcatran. Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Ils viennent d’où ces putains de tirs ? Il y a des attaques orbitales prévues dans l’exercice ?
- Sergent Costa, ici le général Keating. Ordre à tous les pelotons de quitter le terrain d’entraînement. Opération annulée. Assaut planétaire de type Majoris en cours. Je tiens ces informations du gouverneur et des FDP. Je ne puis vous en dire plus pour le moment. Regroupez-vous au PC et foutez le camp d’ici en vitesse, delta. Keating, terminé.
Le sergent Costa regarda les hommes et les femmes sous son commandement. Tous remarquèrent que son teint avait pali. Il avait l’air d’être terrifié par ce qu’il venait d’entendre à la radio. Quelques secondes passèrent, mais avant que quiconque prenne la parole, le sergent repris ses esprits et beugla ses ordres. Ses hurlements trahissaient toutefois une certaine peur.
- Escouade ! On fout le camp. Assaut planétaire de type Majoris en cours. On se regroupe au PC pour recevoir de nouveaux ordres. Caporal Geist, sortez-vous le cul de la boue ! Lorenzo, arrêtez de roupiller ! Les autres, au pas de gymnastique. La bleue? Ça va être votre baptême du feu ! On risque de ramasser d’ici peu !
Le sergent parla rapidement, puis parti en direction du PC à toute vitesse. Il ne voulait pas voir le visage déconfit de ses soldats, et surtout, il ne voulait pas penser à ce qu’il se passait au-dessus de lui.
Appliquant les ordres de leur supérieur, toute l’escouade abandonna la position et se mit à courir vers le PC. Leur course était rythmée par des explosions, toutes plus grandes les unes que les autres. La poussière emplissait l’air. Au loin, on pouvait entendre les bruits reconnaissables de vaisseaux de transports et de chasseurs. Les défenses spatiales et orbitales avaient visiblement échouées. Tous les régiments participant aux manœuvres étaient bloqués sur la planète. L’ennemi quant à lui, qu’elle qu’il puisse être, se rapprochait pour la curée.
Désormais, la seule journée paisible, c’était hier…