Pays Rouge

Dans la fiction, l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé. « Uchronie », étymologiquement, désigne un « non-temps », un temps qui n’existe pas.
Furancisu
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Ezo Républicain 1 juin 1879

International :
Inde :
Traité de Gandomak. La guerre anglo-afghane est terminée. L'Afghanistan devient un protectorat de la couronne anglaise.
Russie :
Assassinat du gouverneur général de Kharkov, le prince Kropotkine.
Attentat contre l'empereur Alexandre II de Russie. Celui ci échappe à la mort.
Pays-Bas :
fondation du parti antirévolutionnaire par le protestant orthodoxe Abraham Kuyper.
Japon :
Ouverture du bureau consulaire de la République de Ezo à Sendai, dans la préfecture de Miyagi.
L'Empire Meiji du Japon à ouvert un bureau similaire à Hakodate.

National :
Acquisition et unification de l'industrie de la conserve. Le gouvernement a entamé une opération financière agressive sur la bourse de contre l'industrie de la conserverie en Hokkaido en l'espace d'une semaine. L’État est devenu l'actionnaire majoritaire voir le seul actionnaire des principaux fabricants de conserves. Les directeurs d'entreprises sont invités à rester en poste, bien qu'avec des salaires réduits. Déjà dans certaines conserveries, le gouvernement a laissé les syndicats procéder à des élections à la direction des usines, à titre expérimental. L'ensemble des entreprises a été réuni au sein d'une même compagnie : les Conserveries Socialisées d'Aeon, du nom de la rue de leur nouveau bureau dans la capitale.

La Manufacture d'armes Républicaine a mis au point un nouveau fusil, offrant une plus grande précision et davantage de puissance de tir que les Fusils Berdan offerts par la Russie il y a de cela dix ans.
Furancisu
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Le tour du monde de Hijikata Toshizo – roman historique

Vers la fin de l'année 1879, le président de la République, alors âgé de 49 ans, entrepris une importante tournée diplomatique afin que ce qui passait auparavant pour une île se déguisant en nation puisse prétendre à une véritable reconnaissance internationale.

Ainsi, Hijikata Toshizo, au pouvoir depuis déjà presque dix ans, s'embarqua en compagnie de Jules Brunet à bord d'un vapeur acheté à la France il y avait de cela deux ans. Le navire, transocéanique, permettrait sans doute une croisière plus sûre que tout navire issu des chantiers navals de Ezo de l'époque, ceux ci se spécialisant dans la construction pour le cabotage et non la haute mer.

Le Mariane, renommé Hinomaru Maru ou Cercle du Soleil Levant, prit ainsi la mer, la population n'étant informée que le jour même du départ afin de ne pas risquer un ''incident'' avec quelque navire japonais. De même, le trajet était resté secret.

À bord du navire se trouvaient bien entendu des produits culturels et artisanaux destinés à être présentés aux souverains étrangers. Il y avait des textiles des manufactures de coton et de soie de Hokkaido, des vêtements de fourrures, des katana des aciéries de Yubari, quelques exemplaires du nouveau fusil républicain, des estampes, des vêtements traditionnels, quelques armures de samurai superbement laquées et d'autres présents.... Ainsi que le cheval favori du président, celui ci ne se résolvant pas à l'abandonner, cadeau qui lui avait été fait lors de sa visite d’État en Chine Qing, quelques années auparavant.

Le Hinamoru Maru réalisa une première escale à Vladivostock, afin de notifier le gouverneur général du port franc de la visite du président Hijikata Toshizo à l'Empereur de toutes les Russies Alexander II en Saint Petersburg, depuis la Crimée. Le télégraphe russe serait plus rapide pour relayer l'information que le trajet par terre depuis le port. Ce serait plus rapide de venir à la capitale impériale par navire depuis l'isthme de Suez que de progresser par voie de terre. Et le président obtint par la même occasion des lettres de créances de la part du gouverneur local.
Une escale à Busan très brève, afin de prendre des nouvelles des officiers républicains dépêchés sur place, et transmettre des courriers des étudiants et militaires coréens qui étaient introduits au fonctionnement de l'armée de Ezo.
Puis une seconde escale, cette fois ci en Shanghai, fut réalisée. Là, il s'agissait de prendre langue avec la communauté japonaise locale, pour la plupart des pirates mais aussi des survivants de la rébellion Satsuma qui vendaient alors leurs services comme mercenaires. Notamment un certain Takamori Saigō. Un duo d'agents du Shinsen Gumi fut déposé sur place afin de prendre langue avec ceux ci et communiquer avec Ezo si certains de ces rebelles pourraient se révéler utiles aux projets que la République de Ezo pourrait concevoir à l'avenir.
Le président Hijikata saisit également l'occasion pour rencontrer les représentants locaux de la France et de l'Angleterre, et obtenir de ceux ci des lettres de créance attestant de son identité.
La croisière de Shanghai à Singapour se déroula sans encombres particulières, et lorsque l'expédition arriva à cette plaque tournante du commerce international, l'on prit un moment pour réapprovisionner en charbon la réserve du navire. Un temps qui ne fut guère perdu par les marins, ceux ci profitant de l'occasion pour aller explorer la cité.
Extrait du journal personnel de Hijikata Toshizo, lors de son escale à Singapour.
À mon arrivée à Singapour, j'ai immédiatement pesté contre la chaleur infernale des lieux, celle ci n'ayant fait qu'augmenter depuis que nous avions fait voile vers le Sud.
En revanche, j'ai été frappé par l'air de la ville, celui ci étant empli d'odeurs d'épices et de nouvelles langues sonnant comme une étrange musique à mes oreilles. Il y avait là des consonances différentes du russe et de l'ainu.
La cité en elle même était intéressante, les docks trahissant par leur activité commerciale, avec de nombreux navires d'origine différente et de tailles variées, alignés dans le port. Des entrepôts et des maisons de commerce se tenaient bien hautes, soulignant davantage l'importance du commerce pour cette cité. L'architecture était un mélange de styles différents, tel manoir étant en style dit colonial, au côté de boutiques aux contours davantage malais et chinois.
À mesure que je m'enfonçais dans les entrailles de la ville, j'ai découvert une riche tapisserie de cultures. Les rues étaient ceintes d'échoppes et étals desquels des biens des quatre océans étaient exposés. Des influences chinoise, malaises, indiennes et européennes se mélangeaient, créant une atmosphère davantage cosmopolite que Hakodate.
Le néophyte que j'étais pouvait ressentir l'économie dynamique du lieu. Les échanges de biens étaient constants, avec des marchands négociant constamment les prix et des macrhés. La simple ampleur dans la variété des produits, des épices, textiles, métaux et exotiques marchandises produites, était inspirante. Nous comprenions désormais mieux l'importance que l'empire britannique accordait à cette place forte, celle ci étant un point névralgique du commerce international.
Par ailleurs, la cité commençait à goûter aux bénéfices des sciences modernes, certaines rues étant illuminées au gaz au principaux carrefours. La présence de l'administration coloniale britannique semblait avoir apportée les lumières du monde moderne, au propre comme au figuré. Bien qu'avec moins d'efficacité qu'à Hokaido.
La croissance continue de la ville pouvait rendre rêveur l'ingénu, mais le politique que j'étais ne cessait de m'interroger sur la sagacité des politiques urbaines du lieu, celui ci semblant être régit autour de blocs rectangulaires agencés les uns aux autres. Cela ne pouvait fonctionner qu'à une certaine échelle.
En reprenant la mer vers le Sri Lanka, il n'y eu rien d'intéressant à signaler au-delà de l'étroitesse du détroit de Malacca et l'attaque de quelques pauvres hères peu inspirés. Des pirates locaux commirent la grossière erreur de prendre le faible nombre de canons de notre navire pour une invitation au pillage. Ils découvrirent alors durant l'abordage la terrible combativité de Sa personne et Son escorte alors qu'ils les tranchaient en morceaux avant de balancer aux requins les morceaux de corps. Leur seul regret fut que le pont du navire prit un moment pour être nettoyé et que la monture de Hijikata Toshizo paniqua durant les combats, défonçant son box lors de l'attaque. Depuis le président eut à la promener sur le pont chaque jour où la mer le permettait. Sa monture avec le roi, cet arrogant chat du navire qui montait celle ci. Le dieu du bateau tenant trop à son avatar, il laissai l'animal félin à ses illusions. Et il avait le monopole de la chasse des rats du navire, également.
Lorsque nous débarquâmes à Calcutta afin de prendre connaissance des autorités britanniques, nous passâmes un moment désagréable avec la désagréable loque opiomane qui se faisait passer pour le gouverneur général de ce vaste empire des Indes. Notre temps passé en compagnie de ce Robert Edward Bulwer-Lytton était une triste perte de temps.
La visite de Calcutta était bien plus agréable, bien que j'ai ouï dire que la ville avait été frappée par une famine, ce qui se révéla lorsque nous entrâmes dans les ruelles de la cité. L'architecture coloniale britannique était juxtaposée aux bazars traditionnels indiens.
Le cœur de la cité était organisé autour de la majestueuse rivière Hooghly, ou des navires et barques étaient alignées le long de la rive. Les docks semblaient toujours actifs, des marchandises chargées et déchargées alors que des armateurs négociaient leur écoulement pied à pied sur les docks même. La rivière était le cordon ombilical reliant la ville au reste du monde, facilitant le commerce et l'arrivée de biens depuis les coins les plus reculés du monde.
Les artisans locaux exposant leurs produits à même la rue proposaient des produits de bonne facture, en particulier les œuvres – bien que le style était loin de l'harmonie et la beauté propre à nos estampes – d'art et les joyaux, mais aussi les textiles. L'air était empli d'odeur épicées issues des stands des marchands d'épices, mais aussi de la cuisine de rue, celle ci proposant des produits assez relevés. L'air était également empli de l'odeur d'encens et parfums.
Hélas, nombre d'hommes de notre escorte soufrèrent d'intoxication alimentaire quelques jours après notre escale.
Nous rencontrâmes des âmes bien plus intéressantes au quartier du Sonagachi en la personne de charmante demoiselles, mais également de marchands européens, anglais, français mais aussi néerlandais et portugais ainsi que des persans et musulmans. Les discussions à bâtons rompus avec ceux ci furent intéressantes et permirent d'en apprendre davantage sur les évolutions et nouvelles concernant l'Europe. Ainsi y eut il une tentative de soulèvement à Hyderabad, Kaboul était occupée par les cipayes indiens et les empires allemands signaient une alliance dirigée contre la Russie.
La cité était dotée de nombreux monuments et repères, tel que le Memorial Victoria, dédié à l'impératrice des Indes. Il servait également de symbole à la domination impériale des îles sur le continent. Ailleurs, se trouvait le musé de Calcutta, un important centre intellectuel et culture.
Mais rien de cela ne permet de masquer les disparité sociales, la surpopulation et la pauvreté la plus extrême côtoyant les richesse des indes.



Notre brève escale à Pondichéry fut bien plus agréable, l'enclave française étant captivante par son charme et la fusion culturelle qui s'observait à l’œil. Les restes de l'architecture coloniale s'identifiaient par les noms typiquement français des rues, mêlant l'Est et l'Ouest. La ville était établie dans la baie du Bengale, avec une rive pittoresque balayée par une brise rafraîchissante. Alors que nous marchions dans ses rues, l’œil ne pouvait qu'apprécier les bâtiments colorés et les balcons et façades sculptées en style français, bien plus agréable que les rigueurs protestantes anglais de Calcutta. Le mélange des influences françaises et indiennes était bien plus réussi localement.
La ville était tranquile, l'atmosphère ordonnée, les rues bien organisées et propres, reflétant l'influence des plans urbains français dont nous nous étions inspirés à Hokkaido. Le quartier français, avec ses avenues d'arbres, exsudait d'un air d'élégance et de raffinement.
La majorité indienne de la population s'exprimait souvent dans son langage, ce qui n'empêchait pas le legs français d'être entendu pourvu que l'on tende l'oreille, ou que le nez soit attentif aux odeurs de la bonne cuisine française, mêlée aux flagrances des épices de cuisine indienne.
La promenade de la route de la plage offrait une vue agréable sur la baie du Bengale. Jules Brunet déposa par ailleurs une gerbe de fleurs au monument aux morts de la guerre français, témoignage de l'histoire sanglante de Pondichéry, des sacrifices consentis durant différents conflits ayant ravagés la côte Est du sous-continent.
Le charme de Pondichéry s'étendait au-delà de la cité. La campagne environnante pouvait prétendre à une collection de paysages luxuriants, avec des plages bordées de palmiers, des rizières verdoyantes et des scènes pittoresques pas tellement éloignées du Kanto. L'exploration courte des villages proches permit d'observer une simplicité propre à la vie rurale et des pratiques traditionnelles survivantes au milieu de la modernité.
L'atmosphère enchante le visiteur qui découvre cette riche histoire, la tranquillité du lieu et l'harmonie locale.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Extraits de journal de Hijikata Toshizo.
Alors que notre navire se mouvait paisiblement sur l'eau de la mer dite rouge, nous eûmes à multiples reprises le loisir d'observer des embarcations faire la traversée de celle ci, remplies de figures vêtues de noir et de blanc, les femmes complètement recouvertes de tissu en particulier. C'était un curieux spectacle que cela. L'un des passagers nous apprit qu'il s'agissait là d'une secte très importante, comparable aux Kirishitans en ampleur. Ils portaient des tenus prescrites par leurs enseignements pour aller se recueillir sur le lieu le plus saint de leur religion, là où reposait leur prophète. J'étais curieux de me rendre en ces lieux, mais apparemment ceux ci étaient à plusieurs jours de marche dans les terres et seuls les membres de leur secte pouvaient y accéder. Dommage.

Enfin nous arrivâmes aux portes de la mer dite Méditerranée. Le génie des bâtisseurs français se déroulait sous nos yeux. Une voie d'eau creusée par la main de l'Homme pénétrait un continent d'une mer à l'autre. La vaste étendue de la voie d'eau semblait se perdre à l'horizon, coupant l'aride désert comme une promesse vers un paradis lointain. C'était impressionnant à voir. Je regrettais que nous n'eussions parmi nous un peintre de grand talent, et ordonnais-je à mes compagnons doués de l'art de la peinture de réaliser des estampes des lieux, tandis que moi même était forcé de péniblement sortir mon matériel pour réaliser une estampe des lieux, alors que notre navire s'avançait lentement, mais sûrement, vers la bouche du canal.
[…]
Alors que notre vaisseau se fondait dans le canal, nul ne pouvait dénier la précision de la construction méticuleusement creusée, tandis que l'eau scintillait sous l'éclat du soleil, contrastant avec l'or des sables des côtés. Le calme de l'eau du canal malgré le battement des hélices, la proue fendant les eaux, marquaient par leur contraste la différence entre la navigation de haute mer et celle de canal.
Sur les rives du canal, l'on pouvait observer des travailleurs tout occupés qu'ils étaient à entretenir le le détroit de mains d'Homme. Ils s'activaient sur un méchanisme permettant de contrôler le flux de l'eau, permettant un passage sûr. Les ingénieurs et ouvriers usaient de leur art et savoir afin de garder ouverte cette voie du commerce international.
Ce fut une expérience à nulle autre pareille que de traverser ce canal. Le navire avançait à un rythme stable. Qu'auparavant il eut été nécessaire de passer plusieurs jours à dos de montures inconnues afin de traverser cette contrée, cette pensée me fit remercier Leceps et Napoléon d'avoir ainsi facilités notre ambassade. À quand un canal terrestre serait mis en place pour se rendre de Vladivostock à Saint Petersburg en revanche ? Seul le temps nous le dirait.

Sortis à Port Saïd, nous fiment voile vers l'antique Alexandrie, où le tombeau de l'un des plus grands conquérants du monde reposait, disait on. Les lieux avaient un paysage architectural étrange, mélange d'influences anciennes et modernes. De même, des ruines de Da Qin, tel que l'amphithéatre et les catacombes de Kom El Shoqafa, étaient un plaisir pour les yeux. L'on imaginait aisément les anciennes gloires des conquérants et de la ville, son état présent ayant un subtil parfum de décadence la rendant encore plus intrigante.
Par ailleurs, alors que nous nous promenions dans les rues, notre ami Brunet fut extrêmement ravi de découvrir la présence de cafés et boutiques en style français. Les communautés grecques et britanniques étaient également très présentes, donnant à l'architecture urbaine un tissu divers.
Le son des mouettes m'évoquait Hakodate, de même que la musique de mille langages mélangés constamment. Nous réalisâmes quelques bonnes surprises dans les bazars et souks locaux, les marchands de tapis bien entendu cherchant à nous voler, de là la nécessité de toujours négocier pieds à pieds. Le charme maritime des lieux était indéniable et les multiples communautés vivant en ces lieux faisait échos à son passé illustre.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Lors de la traversée des îles grecques, nous avons eu l'occasion, en passant par la cité de Athènes, d'avoir la vision au loin du Parthénon homonyme. Les restes du temple étaient intéressants de par ses proportions, sa symétrie et sa beauté. Les colonnes et fresques donnaient une forme d'harmonie au tout, différente de l'art japonais. Mais pas pour autant désagréable.
En tant que samurai, et président de la république, j'ai été très intéressé par les méthodes locales, au vu de l'attention le long des années que nous avions consacré à des études de fortifications à Hokkaido. Néanmoins leurs canons, depuis le navire, semblaient peu modernes. Ils devaient certainement avoir leur utilité dans le temps, mais il est douteux qu'ils soient toujours aussi capables en ce jour.
Lorsque nous arrivâmes à la capitale de Istanbul, nous atteignîmes le pas de la porte séparant l'Europe et l'Asie. La cité avait vu l'apparition et la chute de nombreux empires, faisant office de triomphe et cimetière de ceux ci au fil des siècles.
La première chose attirant notre œil fut les hauteurs surmontées de dômes et de ce que les indigènes appelaient des ''minarets''. Notamment ceux ci autour du temple de la sagesse divine, qui dominait la ville avec son dôme bleu immense. De nombreuses arches ornées d'inscriptions calligraphiques transportaient notre groupe dans un monde artistique splendide.
De nombreux navires étaient présents aux docks, à voile comme à vapeur, bien qu'en majorité des premiers. La cité avait un caractère indéniablement cosmopolite.
De nombreux monuments historiques habitaient le quartier du ''Sultanahmet'', tel que l'ancien palais grec du Topkapi, avec ses cours opulentes et ses collections exquises, offrant une brève vue du quotidien des sultans ottomans. Le Grand Marché, qu'ils appellent ''bazar'', était un labyrinthe d'échoppes, boutiques et ateliers proposant un arc-en-ciel de couleurs, tapis et objets d'un fin artisanat.
À mesure que nous évoluions dans les étroites rues de Istanbul, une fusion des cultures s'opérait, l'Est et l'Ouest semblant se mélanger sans peine, des traditions indigènes se mêlant avec celles des européens dans un patchwork unique. Nous étions touchés par la chaleur de l'hospitalité locale. Nous ne parlions guère leur langue, mais leur langage corporel et leurs intonations suffisaient pour cela.
La vie profuse des rues de la capitale était une tapisserie de sons, d'images, de saveurs, notamment des plats. Il y avait ainsi les ''kebabs'', des viandes grillées de telle manière à leur donner une texture tendre, accompagné d'une sorte de sauce dite ''houmous''. Mais je préférais les ''baklava'', ces pâtisseries très sucrées à base de fèves. Il en existant différentes sortes. Ces ''baklava'' se consommaient de préférence avec un thé noir, dont la préparation différait de la cérémonie hautement sophistiquée et supérieure propre aux îles de l'Extrême Orient. Ici, rien de tel. Les locaux usent de deux théières, une petite contentant de l'eau bouillante et une grande, contenant des feuilles de thé. À mesure que l'eau arrive à ébullition, la vapeur de celle ci trempe les feuilles au-dessus. Ensuite, ces barbare remplissent au tiers à la moitié de feuilles de thé un récipient en verre, et du reste d'eau bouillante. Le goût est dans un premier temps horrible, mais l'hospitalité faisant force de loi, nous nous soumîmes. […]
La ville de Moscou était caractérisée par la présence de résidences luxueuses d’un côté, et de bidonvilles à côté, où les travailleurs des usines se logeaient. Le contraste était saisissant.
La cité avait un taux de mortalité de 20 pour mille par an, selon les services municipaux.
À cette époque, les principales rues de la cité étaient éclairées par des lampes au kérosène, tandis que la périphérie était éclairée à l’huile végétale. L’allumage et l’éclairage de ces lampes était le devoir des pompiers. Une large partie de ces lampes à huile était alimentée d’un combustible de faible qualité, et utilisée par les pompiers dans leur porridge. De ce fait, le peu d’éclairage public dans ces zones était insuffisant pour éclairer les rues dans la nuit, et celles ci s’étaignaient tôt, plongeant les rues de la ville dans les ténèbres.
Pis encore, le Vieux Moscou était construit n’importe comment. Il n’y avait pas de planification, les bâtiments étaient érigés n’importe où. Et la modernisation de la cité n’a pas améliorée la situation, mais l’a empirée, s’il faut en croire certains locaux. Ainsi, le vieux plan féodal de Moscou a-t-il été massacré. La rue du Tsar auparavant un tronçon droit, géométrique, est devenue tordue vers la fin du siècle précédent, du fait de propriétaires et entrepreneurs sans honte aucune. La construction d’une église et d’un marché dans une autre des rues droites de la cité força celle ci a être détournée. L’allée de Petrovka vit sa largeur réduite car à la fin du siècle précédent, un marchant s’est approprié une partie de la rue pour y bâtir sa demeure, et de l’autre côté de celle ci un monastère a étendu sa surface. Les efforts conjoints de l’Église et du marchand ont attaqués la rue de deux côtés.
La condition ouvrière est tout aussi désolante, la plupart d’entre eux étant des paysans venant en ville l’hiver pour se constituer un pécule avant la reprise des récoltes. Les plus chanceux d’entre eux dorment à même l’usine qui les emploie, ou dans des dortoirs collectifs. Le reste vie dans des caves, sous sols, greniers ou bidonvilles. Ceux logés dans du ‘’dur’’ avec leur famille sont rares à pouvoir bénéficier d’une chambre pour eux seuls. Dans trop de cas ils ne peuvent se permettre de louer qu’un ‘‘coin’’ de celle ci, divisé par des rideaux pour les autres familles occupant l’espace.
Le rôle des services municipaux ? Ils n’existent quasiment pas. Il n’y a pas d’égouts efficaces, mais à la place, de littérale piscine d’excréments dans les cours des demeures, infiltrant le réseau d’eau courante, lorsque celui ci existe, plus souvent infiltrant les habitats eux même. Les conditions de vie et propreté ne sont guère différentes de celles des bidonvilles d’Alexandrie. Il n’y a pas d’électricité ou système d’écoulement des eaux plombé. La pollution dans les industries est toxique au possible. Et l’éclairage public est déficient au possible. Et ne parlons pas de….’/quote]
Modifié en dernier par Furancisu le 21 févr. 2024, 10:53, modifié 1 fois.
Furancisu
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Re: Pays Rouge

Message par Furancisu »

Circulaire interministérielle n° 8 - 1880
Loi sur la modernisation de l'économie :

Dans toute entreprise de plus de 20 travailleurs, ces derniers peuvent demander par vote, une rémunération non plus à la tâche, mais à l'heure, à une rémunération supérieure ou égale du salaire minimum fixé par la loi.

Dans toute entreprise de plus de 50 travailleurs, la rémunération ne s'effectue plus à à la tâche mais à l'heure, à une rémunération supérieure ou égale du salaire minimum fixé par la loi.



Loi sur la coopération harmonieuse nationale :

Article 1:

Le but de cette loi est d'offrir aux travailleurs avec un an d'ancienneté dans leur entreprise de plus de 50 travailleurs le statut d'associé. Les employés au statut d'associé sont habilités à élire leurs propres représentants syndicaux au sein du conseil d'entreprise, dotés du même nombre de votes que les actionnaires.

Article 2:

Est un syndicat toute organisation de travailleurs au sein d'une entreprise regroupés en association de défense des intérêts, dotée d'une autorisation de la part du ministère de l'intérieur. Cette organisation peut être dotée de branches dans d'autres entreprises, et est habilitée à tenir un congrès une fois par an dans un lieu public. Sa direction est élue parmi les membres jouissant de la citoyenneté pleine et entière telle que définie par la loi.
Un conseil d'entreprise est une instance où les actionnaires ou leurs représentants et représentants syndicaux élus sont réunis au moins une fois chaque année afin de débattre et choisir l'évolution de l'activité de l'entreprise. Ce conseil est présidé par le président de l'entreprise, élu à part égale par les représentants syndicaux et actionnaires.
Les actionnaires ont un nombre de vote proportionnel à leur investissement dans l'entreprise, selon les modalités prévues par la loi. Les représentants des travailleurs sont toujours égaux en nombre de votes aux actionnaires.

Article 4: Workers' Union Representation

L'élection de représentants syndicaux en conseil d'entreprise est un vote des travailleurs au statut d'associé. Dans les entreprises de moins de 50 employés, celui ci a lieu par main levée ou à bulletin secret.
Dans les entreprises de plus de 50 employés, le vote est secret, par liste, proportionnel, à un tour.
Dans les deux types d'entreprises, les votes sont lus en public par les votants, comptés par le président d'entreprise. Celui ci peut être remplacé par un fonctionnaire d’État mis à disposition à la demande du président de la république ou des représentants syndicaux.

Article 5:

Les représentants syndicaux ont un droit de vote sur toute issue concernant l'entreprise au son sein. Cela inclut, mais n'est pas limité, les confitions de travail, la rémunération, la sécurité au sein de l'entreprise, l'intéressement des employés.

Article 7:

Les représentants syndicaux ont pour devoir la défense des intérêts des travailleurs et leur bien être.

Article 10:

Il est requis des conseils d'entreprise de se voir adjoindre un fonctionnaire d'Etat lorsque ceux ci se réunissent, en particulier lors de l'exercice fiscal annuel.

Article 11:

La présente loi sera appliquée avec toute la force de l'appareil d’État. Ne pas s'y soumettre livre les criminels au jugement de la justice.

Section 12:

Les entreprises ont jusqu'à deux ans pour appliquer cette loi. Au-delà, celle ci sera appliquée de force.

Article 13:

Cette loi prend pleinement effet le 14 mars 1880.
Furancisu
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Re: Pays Rouge

Message par Furancisu »

Ezo Républicain - 12 juillet 1880

La commission constitutionnelle a rendue publique une partie de ses travaux concernant la forme des nouvelles administrations et libertés sur lesquelles celle ci travailla. Le nouvel équilibre des pouvoirs [...]

Enfin, après s'être fait soumis une grande quantité de travaux artistiques de qualité variable, œuvre de mille artistes en tout genre et à la volonté inébranlable pour rendre service à leur patrie, un choix a été fait. L'emblème national de notre glorieuse république, bastion de la Liberté en Asie, est débarrassé de ses influences américaines pour quelque chose de plus authentique, plus indigène. Sur celui ci sont symbolisés les trois pics de notre pays-archipel, enneigés, tandis que la mer vient peindre ceux ci, symbolisant l'importance de la mer pour notre patrie. Le ciel est rouge, pour représenter le sang versé pour nos libertés, passé et à venir, mais aussi le rouge de la victoire inéluctable sur le sang de nos ennemis. Enfin, das le coin gauche se trouve un flocon de neige, pour rappeler le climat ardu de notre pays en hiver, froid et glacial pour l'ennemi venant se risquer sur nos côtes, mais doux et paisible pour nos bons citoyens, grâce aux politiques de chauffage communautaire et des points de vente de charbons subventionnés par notre bon État. Enfin, le dernier symbole représente la roue du progrès et de l'industrie, fierté nationale.


Image

International : Le tour du monde de notre président Hijikata Toshizo fut une réussite pour notre nation. Par son charisme et son prestige, notre président est parvenu à prendre langue avec les plus puissantes nations du monde et lier notre glorieuse nation au monde par le commerce. Il rencontra de nombreux interlocuteurs politiques, tel que le philosophe et financier Karl Marx et l'écrivain français Gustave Flaubert.
Furancisu
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Re: Pays Rouge

Message par Furancisu »

Mémoire à son excellence le Grand Secrétaire, de la part du Gouverneur Provincial du Fujian. Août 1880

[...] et c'est avec joie, grand Confucius, que nous vous faisons part de la complète et totale pacification de l'île de Taiwan. Les derniers natifs barbares ont été soumis à notre bienveillant gouvernement impérial. Les vaillants soldats et milices coloniales ont accomplies la majorité de l'effort, sous la direction éclairée de leurs officiers des bannières vertes. Néanmoins, il convient, pour la postérité, de mentionner un apport significatif de mercenaires du nihon. Ceux ci constituent une minorité de réfugiés ayant fuit leur pays après l'échec d'une révolte. La plupart d'entre eux servent loyalement au côté des milices provinciales du Fujian et de la préfecture de Taiwan. Leur aptitude dans l'éradication des bandits et pirates sur l'île est très appréciée.


Yorozu Chôho, 20 septembre 1880

Contraint par les circonstances et la déloyauté navrante de nos concitoyens de Kyûshu, le gouvernement de Meiji a décidé de suspendre les libertés publiques sur l'île jusqu'à ce que la menace insurrectionnelle soit exterminée jusque dans la moindre cahute. Que se rassurent les bons et loyaux citoyens impériaux sur place, ceux ci ne craignent rien et n'ont donc rien à cacher, et tout intérêt à travailler côte à côte avec les loyales et diligentes forces armées sur place.

En attendant de jours meilleurs, l'état de siège est donc en vigueur sur l'île, les autorités civiles sont désormais soumises au gouverneur militaire appointe par Tokyo.

Par ailleurs, concernant les bandits, pirates et rebelles polluant par leur existence les îles japonaises de l'archipel d'Okinawa, le gouvernement a décidé de mettre en place la "zone spéciale" de Okinawa. Des pouvoirs exceptionnels et discrétionnaires ont été confiés au gouverneur de l'archipel et les libertés publiques et constitutionnelles ont été abolies afin de faciliter l'extermination des rebelles dans la zone. C'est avec confiance que nous prévoyons un futur radieux pour l'archipel. BIentôt, les indigènes égarés dans leurs croyances seront prestemment restaurés dans leur japonité.


Shinsei Shinbun, 30 septembre 1880

Un nouvel exemple de la dérive tyranique et dangereuse vers laquelle s'engage le gouvernement actuel est sa politique sécuritaire en oeuvre dans le sud de notre belle nation. L'application de la loi martiale et de l'état de siège en Kyûshu se traduit par davantage de déprédations des troupes envoyées sur place. Même des populations qui avaient accueillies avec une certaine hospitalité les troupes à leur arrivée se mettent maintenant à haïr celles ci. Le fait que la majorité de celles ci soient étrangères à la province, et que des stéréotypes dégradants soient librement propagés dans la presse sur les soit disant "moeurs arriérées" de nos frères de Kyûshu, ne contribue en rien à améliorer les relations entre la troupe et l'habitant. Nos correspondants locaux, lorsqu'ils ne sont pas arrêtés et censurés, nous font par de crimes violents, meurtres et viols dont l'armée se rend coupable dans certaines localités, la plupart étant impunis. Et l'Etat de droit est à peine en vigueur. Plusieurs acres de terres ont été saisis de force par le ministère de la guerre sans l'accord des occupants ni aucune réparation. Lorsque ceux ci se sont unis et ont portés plainte, leur avocat subit plusieurs tentatives d'assassinat, et l'enquête a été sabotée.

Mais aussi désespérant que cela puisse être, c'est encore pire dans l'archipel d'Okinawa, étant donné que dans celui ci, toutes les protections civiles et constitutionnelles pouvant protéger la population locales ont été abolies. Les rares témoignages que nous sommes parvenus à obtenir font été de travail forcé, punitions collectives, chatiments corporels, allant jusqu'à la mutilation, massacres et esclavages. Ces actions ont entraînées un exode d'une partie de la population vers la Chine, jusqu'à ce que l'administration militaire sur place interdise tout départ du territoire et saisisse ou coule la majorité des embarcations de l'archipel... Détruisant au passage l'économie locale qui reposait sur la pêche. Enfin, les rebelles locaux font preuve d'une violence et d'une cruauté répondant à celle de l'armée. Les assassinats ne touchent plus seulement nos soldats et leurs officiers, mais également les fonctionnaires, bref, les japonais de la métropole et leurs familles. L'effort de colonisation locale de Tokyo s'en trouve grandement ralentit. Par ailleurs, il est à craindre qu'une famine puisse éclater, à cause de l'effondrement de la pêche, les corvées exigées par l'armée, la saisie des terres les plus fertiles pour des plantations commerciales, et l'interdiction de quitter le territoire sous peine de mort. C'est là un bien triste jour pour notre pays. Nous espérons de tout coeur à la rédaction du Shinsei Shinbun que notre bienveillant empereur puisse entendre les cris de ses sujets et se débarrasser des mauvais conseillers qui poussent le pays vers le désastre.
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