Pays Rouge

Dans la fiction, l’uchronie est un genre qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un événement du passé. « Uchronie », étymologiquement, désigne un « non-temps », un temps qui n’existe pas.
Furancisu
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Ezo Times - 12 janvier 1873

A Edo, le linguiste Fukuzawa Yukichi a traduit un nombre d'ouvrages et articles traitant de la question qui anime et divise nos amis français. A la surprenante rapidité de la défaite de l'Empire français a succédé une non moins surprenante opiniâtreté de la capitale où le petit peuple s'est joint à la garnison pour se composer en armée et résister à l'ennemi. Durant cinq mois, la ville entière fut livrée à un siège total. La résistance acharnée d'une ville pareille alors que tout semblait perdue est digne d'intérêt et d'enseignements pour nous. Si nous pouvions appliquer les leçons de cette "Commune" de Paris, la République d'Ezo serait alors en mesure de résister avec d'autant plus de férocité à une invasion de la clique d'Edo.

Ces "communards" nous inspirent les lointains Ikko Ikk, qui résistèrent des siècles durant même à l'unificateur Oda Nobunaga. Les deux furent des soulèvements du petit peuple contre l'oppression, pour la dignité. Ils cherchèrent à établir une nouvelle société plus égale, et où même le dernier des paysans pouvait avoir à dire sur la tenue du pays. Ils croyaient en la décentralisation des pouvoirs, et ces mouvements tiraient leur force d'une croyance fanatique envers quelque chose de supérieur.
Les Ikko Ikki se réclamaient de Bouddha Jodo Shinshu, tandis que les "communards" se réclamaient de la lutte de l'Homme pour la dignité et la justice. Des valeurs que nous ne pouvons que soutenir, face à la clique décadente et sans honneur du gouvernement de Edo. Et chacun de ces mouvements eu dans les mémoires de leur pays une place particulière.

Auteur anonyme
Hum... Je suis curieux de voir comment nos partisans vont réagir à cela. La République est encore jeune. Il est absurde d'accorder au moindre fermier quelque attention pour son opinion, mais le reste des ambitions de ces soulèvements mérite que l'on y réfléchisse.
Modifié en dernier par Furancisu le 23 juin 2023, 22:48, modifié 1 fois.
Furancisu
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Gazeta Kopeyka - 18 juillet 1875

Page finances :

Mine d'or d'Hokkaido enfin en activité. La Russkoe Aktzionernoe Obshchestvo Zavodov na Urale i v Sibiri, en collaboration avec la Compagnie des Mines de Hokkaido, est parvenue à un accord avec le gouvernement républicain. Les premières extractions se montrent prometteuses. La valeur des actions du conglomérat sur la bourse de Saint Petersburg sont montées de [...]

Russkaya Mysl - 30 octobre 1875

La découverte de gisements miniers en Russie américaine provoque une demande d'immigration du gouvernorat local. L'industrie de la conserverie est déjà en manque de bras. Salaires supérieurs de 50% à ceux des conserveries de Saint Petersburg et Helsinki, facilité de logement et prix du pain inférieur à celui de Moscou.

Hokkaido : la croissance de l'industrie de la conserverie dans la république, ainsi que la demande de travailleurs pour ses mines et sa flotte de pêche rendent l'émigration vers celle ci intéressante. Le gouvernement de Hijikata Toshizo entretien de bonnes relations avec l'Empire Russe. Plusieurs cosaques de Vladivostock ont déjà fait le choix d'y émigrer. Certains d'entre eux ont partagés avec notre correspondant leur ordinaire.

Sergeï : Je travaille dans les plantations de coton. La journée de travail est de huit heures, mais on est payé un peu plus si on reste plus longtemps. Le boulot est pas difficile. La ferme d'à côté prête ses chevaux pour les travaux difficiles. Lorsqu'il n'y a pas de travail en dehors de la saison, la conserverie, l'usine de textile ou les mines vous embauchent pour un salaire un peu meilleur. Pour les chrétiens, le septième jour est chômé, mais on est quand même payé comme si on travaillait quatre heures. A notre arrivée, les gars et moi ont été logés dans un baraquement. On était plusieurs à dormir dans des hamacs ou sur des tapis dans une même pièce. Ça allait. Le logement est gratuit le premier mois. Puis ensuite il faut payer moins de 1/10 du salaire. Puis sur le lieu de travail, il y a une cantine collective. On mange souvent des céréales et du poisson. Ça ne coûte pas bien cher. Pareil dans les quartiers des travailleurs. Hélas les bordels ne sont pas bien nombreux. Mais la vie est meilleure qu'à Moscou et la paie est bonne.

Vassily : Je suis ouvrier à la conserverie de Sapporo. Les conditions de travail sont correctes. Le boulot se fait dans une température descente. Le dernier accident de travail remonte à plusieurs mois de cela. En cas de blessure, les soins sont pris en charge par la municipalité. Avant de travailler, des membres du syndicat nous ont informés des différents risques, et durant la première semaine de travail, chaque nouvel ouvrier est sous la surveillance d'un ancien, pour empêcher les risques et erreurs. On peut compter sur le syndicat pour assurer la sécurité au travail, pas comme Arkhangelsk. La journée dure 8 heures. Si une chaîne réussit à dépasser le quota, l'ensemble des équipes de celle ci touche un bonus.

Vladimir : [...]
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Rapport à monsieur le gouverneur de la compagnie de la baie d'Hudson, Donald Alexander Smith.

Votre excellence. Le capitaine de l'expédition que la compagnie a commanditée pour restaurer le Fort Selkirk vous fait part de l'impossibilité d'accomplir sa mission. La zone, comme vous le savez, détruite par les natifs il y a de cela 30 ans, a été abandonnée par nos commerçants. Or, notre officier sur place a découvert que le fortin a été restauré et est occupé de manière permanente. Le lieu sert de comptoir commercial plus que de fortin, mais un drapeau à l'aigle bucéphale flottait au-dessus des modestes habitations. Un certain nombre de natifs vivaient autour de celui ci. La garnison du lieu était réduite, se limitant à plus d'une dizaine de cosaques et un gratte papier. Néanmoins, tout ce personnel dénote que l'empire russe a entrepris d'explorer et coloniser le territoire du Yukon. Nous avons pu échanger des vivres contre des dollars avec le personnel, néanmoins celui ci n'a accepté que nous poursuivions notre expédition à la condition qu'un des cosaques soit intégré à celle ci et que les nouvelles cartes réalisées soient présentées à la connaissance du gouverneur russe d'Alyaska. Le cosaque et son porteur indigène nous servirent de guides à travers les immensités glacées. En dehors du bois et des bétails, le territoire est pauvre. Enfin, à plusieurs reprises des tribus indigènes ont été découvertes sur notre chemin, leurs campements pour la plupart dotés d'un drapeau bicéphale. Il semble que l'Empire Russe ait mis la main sur ces terres et ait obtenu l’allégeance de ses populations. Certains étaient dotés d'armes à poudre.
Vous trouverez plus en détail dans les notes suivant les [...]
Rapport à son excellence le gouverneur général Nikolaï Muravyov-Amursky, de desyatnik Vladimir, de Fort Selkirk

Une expédition de la Compagnie de la Baie de Hudson est parvenue jusqu'à notre fortin. D'une trentaine d'hommes, ceux ci ont été repérés par des chasseurs plusieurs kilomètres avant leur arrivée. J'ai immédiatement fait habiller en uniformes les premiers indigènes à portée de main en échange de quelques dollars. Ceux ci ont été déguisés et armés avec les moyens du bord, afin de bluffer ces saxons sur notre véritable nombre, multipliant notre garnison par dix. Il semble que notre bluff ait fonctionné. J'ai échangé une partie de nos vivres contre des dollars du Canada, faisant là un bénéfice sur ce qui a été promis aux natifs. Enfin, les Britanskiye se sont engagés à prendre durant leur expédition l'une des nôtres et un indigène comme guides, et partager avec nous leurs nouvelles cartes. J'ai bien sûr donné pour instruction au cosaque de leur montrer ce qu'il y avait à voir et dissimuler le reste.

Desyatnik Vladimir, de Fort Selkirk.
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Message par Furancisu »

Rapport sur la sécurité intérieure du Shinsen Gumi - 15 novembre 1875 :

Votre excellence le président.

Notre activité annuelle a mis en lumière le besoin de surveiller activement les za et ko. L'augmentation de leurs effectifs suite à la construction des conserveries de Sapporo et des autres industries de l'ile rend l'apparition de abumi-guchi particulièrement dangereuse. La très grande majorité de ceux s'y livrant ne sont pas des agents de Edo, bien qu'il existe parmi eux quelques agitateurs. La faible proportion de travailleurs japonais dans nos usines rend en revanche leur agitation difficile.
Il convient d'adresser avec sérieux les demandes des za et ko au plus tôt, voir même avant que celles ci ne soient manifestées avec force, afin de réduire une possible agitation s'étendant à l'île comme de multiples tâche d'huile sur une nappe. Nous recommandons la création d'un réseau de za et ko ou, comme le dit Jules Brunet, "syndicat". En plaçant des loyalistes et agents du Shinsen Gumi aux postes clés, nous serions en mesure de faire la différence plus rapidement entre les demandes légitimes à vous être adressées et celles d'agitateurs cherchant à nuire au développement de la république.

Par ailleurs, la multiplication des abumi-guchi dans l'archipel principal à la suite des politiques de modernisations du gouvernement meiji nous offre certaines opportunités pour ralentir le développement de ses forces, saboter son économie ou bien déstabiliser le régime afin de mieux préparer notre retour. L'acquisition de littérature étrangère portant sur les méthodes d'organisation et sabotage industriels est jugée nécessaire pour étudier la question avec une plus grande efficacité. La presse international obtenue par nos chalutiers dans le Pacifique et les navires cargo d'Argentine sont à cet égard insuffisants.

Certains de nos envoyés en Russie et en France, questionnés à cet égard par courrier, font mention des noms suivants dans la matière : Bakhounine, Kropotkine, Marx, Proudhon, Engels, Blanchi et Fourrier.
Procédez. Les crédits nécessaires vous ont été attribués. Et procurez vous de la littérature sur les travaux du français Georges-Eugene Haussmann. Nos villes deviennent par trop insalubres avec les industries et l'afflux de population. Jules Brunet ne cesse de nous parler de cet homme lorsque le sujet arrive en Conseil.
Par ailleurs, commencez à étudier la manière dont les abumi guchi et autres soulèvements du petit peuple se créent et sont réprimés par la clique de Edo. Nous devons être en capacité de paralyser ou gêner la flotte meiji si l'empire nous déclare à nouveau la guerre.

Hijikata Toshizo, président de la république d'Ezo.
Mars 1876 :
Monsieur le président.

Le club de littérature étrangère de l'académie de Sapporo a terminé de traduire les ouvrages nous étant parvenus. Les travaux de monsieur Haussmann semblent effectivement avoir portés leur fruit pour anéantir l'insalubrité dans la capitale française, là où ils ont été réalisés.
Dans un autre registre, la littérature politique sur l'organisation des travailleurs industriels nous est parvenue. Il existe plusieurs factions dans celle ci.
La plus radicale d'entre elle rejette toute autorité et recommande les assassinats collectifs et individuels pour faire avancer ses objectifs.
La suivante recommande la mise en place d'une conspiration centralisée, faible en nombre, servant d'exemple à suivre par le plus grand nombre au moment clé. Elle insiste sur la nécessité de l'insurrection avant toute autre forme d'action, le secret et un hiérarchie stricte, un cercle restreint d'individus menant le mouvement.
Une autre préconise l'organisation politique se faisant à partir de noyaux décentralisés de syndicats, une organisation volontaire et non contrainte.
Enfin, la dernière déclare nécessaire un lien organique entre un "parti politique" et les syndicats et requiert de mener une lutte tant légale que souterraine pour faire avancer ses buts.

Si nous devons nous inspirer de ces mouvements pour infiltrer les travailleurs en Edo et saboter les efforts industriels de la clique de Meiji, alors il serait nécessaire de nous inspirer de ces penseurs.

Si nous souhaitons réellement créer des organisation en capacité de nuire à un effort de guerre de Edo, il conviendrait que celles ci soient à la fois souterraines et publiques. Souterraines pour agir de manière violente et anonyme sans laisser de preuve de notre ingérence, et publique afin d'avoir un visage convenable pour l'aristocratie Meiji.
Approcher les ronin afin de les organiser en cercles autonomes agissant de manière cohérente dans le cadre d'une stratégie prédéfinie visant à assassiner les étrangers, détruire les usines et tuer les fonctionnaires et représentants impériaux dans les campagnes. Nous pourrions leur faire profiter de l'expérience passée du Shinsen Gumi dans les exercices de maintien de l'ordre du temps où nous opérions à Edo. Dans le même temps, ces cercles se maintiendraient financièrement par le racket des commerces et propriétaires fonciers, tout en redistribuant une partie de ces fonds aux paysans, afin d'acheter leur loyauté.
Ces cercles serviraient de force armée à un mouvement plus général, de paysans désireux d'une réforme agraire et d'ouvriers mécontents des salaires dans les usines ouvertes en Edo. Enfin, nous pourrions infecter les intellectuels japonais en traduisant et diffusant la maladie révolutionnaire anarchiste. Il semble qu'en Europe nombre de gentilshommes souffrent de ce mal. Nous aurons juste à veiller à ne pas le contracter.

Nous recommandons d'appliquer cette méthode tout d'abord dans les alentours de Sendai, du fait de son importance comme base navale de la flotte impériale, et de sa proximité. Ensuite nos agents se mettront à étendre le réseau vers les centres industriels du pays, en prenant en compte les leçons tirées de Sendai.
Le contact entre nous et nos hommes se fera par le biais de navires de commerce étrangers, d'agents déguisés en pêcheurs et contrebandiers.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Tokyo Times - 28 Avril 1876

Les parjures de Ezo se cachent dans les juppes Mandchoues

La clique de traîtres, pirates et bandits de Ezo, trop terrifiée pour mettre fin à ses jours en nous déclarant la guerre, trop lâche pour se tuer dans le déshonneur, espère tirer quelque secours de cette collection d'addicts de l'opium qu'est la cour des Qing. Venant se prosterner comme le dernier des esclaves à ses pieds, Hijikata Toshizo est venu ramper jusqu'aux petits pieds de l'enfant empereur Guangxu et des plus petits pieds de sa marâtre l'impératrice régente Cixi, au point d'aller se cacher dans ses robes.
Un triste spectacle que celui d'un ronin prêt à toutes les extrémités pour ne pas rejoindre son maître défunt. Mais qu'attendre de plus, il est vrai, d'un simple bandit copulant avec des peuplades arriérées et sous la protection de barbares et de l'Ours puant l'alcool ? Cette brute tout juste bonne à manier le sabre pour couper des bûches, par quelque hasard du destin, est parvenue à une position bien trop importante pour ses capacités limitées.

Qu'ils prennent garde, à Sapporo, car la colère de l'empereur n'a qu'un détroit à traverser pour humilier ces orgueilleux rebelles. Un jour viendra où Hokkaido sera passée par les armes afin que le sang de ses traîtres purifie la terre qu'ils ont injustement volés à leur maître légitime, notre empereur à tous....
Hakkodate Times - 12 Avril 1876

Monsieur le président de la République de Ezo, en sa qualité de protecteur de la nation, a effectué cette année son premier voyage à l'étranger. A bord du fleuron de notre flotte, issu des chantiers navals de Sapporo, il est parti faire voile vers les côtes de l'Empire Céleste. Malgré les craintes d'une part du cabinet, les bellicistes de Edo ne se sont guère livrés à une provocation durant la traversée, la vigueur et le courage de nos équipages devant par trop les effrayer. Tout juste quelques embarcations de pêcheurs furent elles identifiées au large de Tsushima, à équidistance de Kyushu et du Royaume de Joseon.

Enfin, la croisière accosta à la concession française de Tianjin où elle fut reçu par le Consul Général de la République Française monsieur Julien Lapeyre, le ministre de l'armée monsieur Jules Brunet se chargeant de faire la traduction.

Plus tard dans la soirée, l'ambassade est visitée par un représentant du ministère des rites de l'Empire Céleste afin de les mettre aux faits du protocole Qing et échanger lettres de créances.

Sous bonne escorte, la quelque cinquantaine d'hommes accompagnant le président est menée en chariot et à cheval vers Beijing, pouvant ainsi aisément observer les paysages alentours. Une fois dans la capitale impériale, son excellence Hijikata Toshizo fut accueillie par une groupe de hauts officiels Qing le menant au hall des audiences, où le long échange de présents et de rituels fut effectué, après avoir présenté ses lettres de créance. L'empereur n'étant guère présent, son excellence n'eut pour l'accueillir qu'un tableau de celui ci et le Grand Secrétaire des affaires étrangères durant son audience, bien que l'impératrice régente soit aisément devinable derrière un rideau de soie jaune. Durant celle ci il put exposer les buts de son ambassade.

Il délivra par ailleurs en présent les meilleures étoffes des industries de Sapporo, ainsi que des far de beauté issus de l'industrie baleinières de Ezo, et quelques bijoux de l'or d'Hokkaido, le tout dans un long et lourd cérémoniel.

Les jours suivants virent le président être invité à des banquets, performances culturelles et autres évènements, aux côtés de divers tributaires de l'Empire, afin que ceux ci goûtent au raffinement et à la grandeur de la culture Qing. Il eut par ailleurs divers entretiens avec certains officiels Qing.

La ville de Beijing [...]
Tianjin Xinbao

Duel mortel dans la concession britannique. Une altercation à la sortie d'une maison des fleurs entre un capitaine américain et un ressortissant japonais se termine en duel sanglant à l'arme blanche. L'occidental est décapité sur le coup. Le consule de France adresse ses condoléances au consul américain. Le japonais n'est pas inquiété.
Mémoires privées de Hijikato Toshizo, 1956.

Je me souviens de l'ambassade que j'ai mené pour Beijing. Nous nous y étions rendus pour permettre de faciliter la migration de travailleurs Qing vers l'archipel pour nos industries et mines, et par ailleurs obtenir de la cour impériale des facilités de commerce avec la Corée. Au large de Tsushima, j'ai profité de notre courte escale pour à nouveau respirer l'air du Japon. L'audace paie, car nul ne me reconnut.[..]

Souvenir de Beijing :
[...] L'hospitalité cordiale mais sinon froide qui nous fut offerte par les fonctionnaires Qing trancha avec la chaleur des nuits d'été de la ville et le feu non moins nourri de mon hôte. Encore à mon âge, je n'ai guère perdu de mon attrait, Yehe-Narra en étant la preuve. Par l'entrevue de madame Xigzhen, nous sommes parvenus à faciliter nos affaires et négocier le traité de la Longévité Tranquille, au sein des jardins duquel nos passions se rencontrèrent. Nous obtînmes la plupart de nos demandes en échange de la vente à tarif préférentiel des fusils de la manufacture républicaine de Sapporo, et la formation d'artisans chinois dans celle ci pour en construire une similaire en Shanxi. Nous obtînmes également un titre de noblesse de "Yinshi".
Parmi toutes les fleurs des jardins de la cité interdite, je n'avais d'yeux que pour une seule d'entre elles et ce fut avec regret que j'eusse à quitter les bras de Ts'eu-hi [...]
Furancisu
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Message par Furancisu »

Rapport du Liangjiashu sur les prétendants Ryukyu :
Les loyaux vassaux de l'Empire céleste le tuteur royal Kōchi Chōjō et le noble Rin Seikō, ainsi que leurs compagnons, se sont entretenus à plusieurs reprises avec la clique des japonais du Yehe Nahra Hijikata Toshizo. Ceux ci se sont entretenus à plusieurs reprises sur la probabilité d'envoyer des troupes du tributaire délivrer l'archipel de l'occupant Meiji. Les deux parties ont décidées de faire cause commune, et le japonais a emmené ceux ci avec lui vers son pays.
Ezo Times - 30 mai 1876

La visite d’État de notre président dans l'Antique royaume de Joseon s'est déroulée sans accrocs. Les deux navires de l'ambassade accostèrent au port de Incheon, d'où les fonctionnaires déjà de l'Empire Ming jusqu'à nos jours venaient, afin de renouveler l'amitié séculaire entre les peuples hans et joseon. Revenant tout juste de l'Empire Qing où il avait adressé ses respects, son excellence Hijikata, par l'entremise de son page, soumis aux autorités portuaires une demande d'audience avec l'enfant roi de Joseon Gojong.
Convoyé à la capitale de Séoul, notre dirigeant s'illustra à nouveau en chevauchant à la vue de tous au lieu de se dissimuler dans la litière courtoisement mise à sa disposition par ses hôtes. Une fois les murs passés, il eut à mettre pieds à terre afin de se livrer aux nombreuses cérémonies élaborées dont le peuple de Joseon est réputé, avec son étiquette ampoulée et ses formalités lourdes.
Les lettres de notre chef d’État furent délivrées par un fonctionnaire royal à la cour de Joseon. Une entrevue fut mise en place, dans le respect des coutumes propres à la race coréenne, bien que celles ci durent être revues à certaines particularités propres à notre régime et civilisation; l'on procéda à un échange de biens comme le voulait la pratique. Ici les soieries françaises de Ezo intriguèrent les hôtes. Par ailleurs, notre ambassade présenta en présent deux sabres de maître, issus des aciéries de Hokkaido, une armure de bonne facture frappée du phénix de l'armée vertueuse, propre aux mythes du maître de Joseon. Ainsi qu'une dizaine des derniers fusils de la manufacture républicaine.
S'ensuivirent naturellement banquets, danses, spectacles et tout ce qui caractérise l'hospitalité coréenne, à l'issue de laquelle le traité d'amitié Ezo - Joseon fut conclu, facilitant les échanges culturels entre nos deux puissances, afin de que l'amitié entre nos peuples naisse une paix et un prospérité intemporelle.
Les danses traditionnelles sous un ciel éclairé de feux d'artifices rendaient en particulier le jardin de [...]
Traité d'amitié Ezo - Joseon :
La République de Ezo s'engage à commercer avec le royaume de Joseon uniquement par les ports de Busan et Wonsan.
Les navires sont libres de mouiller dans les baies de ceux ci. Les équipages des navires ne sont libres de vaquer sur les quais le jour, et peuvent loger dans les auberges références. Joseon s'engage à secourir les équipages de la république victimes de naufrage le long de ses côtes et aider à leur rapatriement.
Les navires de Ezo doivent s'acquitter d'un droit de mouillage déterminé chaque année par la cour royale et le consul de la république.
Ezo et Joseon s'engagent à coopérer en matière d'éducation afin de faciliter les échanges d'idées. Chaque année, un nombre limité d'étudiants des deux pays sera échangé afin d'apprendre de l'autre et favoriser des relations apaisées et amicales entre celles ci.
La République de Ezo est libre de commercer avec le Royaume de Joseon la liste des produits suivants :
- céréales
- boites de conserves
- acier
- souffre
[...]
Joseon et la République de Ezo jurent solennellement de coopérer en toutes matières afin de favoriser l'harmonie et la prospérité entre les deux puissances, afin que mille ans de paix puissent illuminer leur sagesse commune.

Clauses secrètes du traité d'Amitié Joseon - Ezo :
La République de Ezo et le Royaume de Joseon s'accordent à échanger des missions militaires
La République de Ezo s'engage à former des artisans de Joseon à la fabrication de ses armements
Le Royaume de Joseon, en retour, peut se voir être autorisé au cas par cas, à investir et construire des mines en Joseon
Rapport du ministre de l'armée Jules Brunet - Ultra secret :

Votre excellence. Les prétendants de Ryukyu se sont familiarisés avec les pratiques martiales de nos forces armées. Ils savent tirer au fusil, poser des pièges, se battre au sabre et tendre des embuscades. La fabrication d'explosifs improvisés a été facilitée par les brochures de presse anarchistes françaises que vos agents sont parvenus à obtenir. Tous les volontaires ryukyu savent nager. Les plus aptes d'entre eux ont été formés à la dissémination de propagande subversive. Les pratiques de nos "sympathisants" dans le préfecture de Sendai, leurs réussites et échecs, ont été intégrées dans le cursus que nous avons enseigné aux rebelles. La vingtaine de ceux ci devraient d'ici la fin de l'année être prêts pour être renvoyés dans leur archipel et accomplir de leur mieux leur devoir envers leur patrie.
J'ai la satisfaction de vous informer que le Shinsen Gumi s'est montré on ne peut plus efficace pour garder secrète leur présence.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Bonjour votre excellence. J'espère que vous avez passé une bonne nuit. La revue de presse mensuelle à votre attention est prête. Que souhaiteriez vous lire en premier ?
The Times - 12 juin 1876

Nouvelles de l'étranger :
Mémoire adressé à l'Empire Ottoman et aux puissances garantes par le gouvernement de Bucarest réclamant la reconnaissance de "l'individualité de l’État roumain" et du nom de Roumanie.

Décès de l'écrivain et journaliste George Sand, à 71 ans, le 8 juin. L'une des plumes les plus prolifiques malgré son sexe, avec 70 romans et 50 volumes d'oeuvres diverses à son compte. Elle est retenue pour sa défense des droits des femmes, sa critique du mariage et les scandales de sa vie amoureuse.
Jiji Shinpô – 18 juin 1876

Un important incendie dans la préfecture de Hyôgo, à Yokohama, a détruit une partie importante de l'entrepôt où le charbon de la flotte était entreposé. L'incendie s'est heureusement déporté vers l'Ouest au lieu de se diriger vers Osaka. Plusieurs centaines de citoyens sont déjà morts lors du départ de l'incendie. Les navires de la flotte n'ont pas été inquiétés par l'incident. Bien entendu, l'empereur est éploré par ce triste sort qui accable son bon peuple, et a déjà préparé de se rendre au temple de Yasukuni afin de prier pour les âmes des défunts.

L'arsenal de Yokosuka, au sud de Tokyo, a explosé. Ce que l'on pense être une munition défectueuse pour l'artillerie navale aurait provoqué une explosion dans l'un des entrepôts de l'arsenal. L'explosion a entraînée la destruction en chaîne des autres réserves de munitions. L'onde de choc a fait exploser l'ensemble des vitres de la ville et fut ressentie par les animaux et les enfants jusqu'à Kamakura et Futtsu. Les secours dépêchés depuis Tokyo sont encore en train d'extirper des victimes de l'accident, avec l'aide de la police métropolitaine et de l'armée. La plupart des bâtiments, du port jusqu'à la mairie, ont été soufflés comme un château de cartes. Certains quartiers ont été entièrement consumés par l'incendie qui s'est ensuivit de l'explosion. Les plus petits navires au port dans la nuit ont été retournés par l'explosion. Les navires plus importants souffrent de graves dommages aux mâts. L'incident, en plus de celui de Yokohama, a provoqué de vives colères de la part de l'opposition au gouvernement meiji quand la sagesse d'avoir placé pareilles quantités d'explosifs aussi près de la capitale.
L'impératrice douanière Nakayama Yoshiko a fait don d'une partie de ses biens aux hospices de Tokyo afin de venir en aide aux victimes, suivie peu après de la noblesse de cour. La mansuétude de la famille impériale ne connaît décidément pas de limite. Quel glorieux pays que notre Empire, que d'être béni par pareils souverains.
Yorozu Chôho – 24 juin 1876

Rébellion des dockers de Nagasaki. L'âme empoisonnée par les bêtises étrangères et l'insidieuse influence délétère des sociétés secrètes, une foule d'idiots crédules encouragés par quelques agitateurs très certainement payés par les traîtres de Ezo et les impérialistes français et américains, ont cessés d'honorer leur pays par leur travail. Mais non contents, par leur indolence, de cracher sur le sacré honneur de leur pays en refusant de contribuer à son renforcement, ils se sont constitués en armée rebelle et ont assiégés la préfecture de Nagasaki ! Cette foule de traîtres à la solde d'étrangers osent réclamer la fermeture des arsenaux de la ville, au prétexte fumeux que ceux ci représentent un danger pour leur vie ! L'on sait pourtant bien que pareils incidents sont le travail de factieux, de traîtres, de samurai et d'agents étrangers ! Douter de la marine, c'est conspirer. Pour ces gens là, une seule leçon à leur donner : réfléchir, c'est trahir.
Les rebelles ont été battus en vain par la police et un bataillon de Hiroshima est actuellement en route pour punir par la force des baïonnettes ces anarchistes. Que le sang de ces sécessionnistes colore la baie de Nagasaki, avant que pareils complots similaires se manifestent ailleurs dans le pays !
Shinsei Shinbun – 26 juin 1876

L'avidité quand à la solidité des installations portuaires, le faible niveau de sécurité et les conditions de travail déplorables dans le milieu sont sans doute à l'origine des terribles accidents qui ont frappés le Japon ces dernières semaines.
Pis encore, les loyaux citoyens de Nagasaki, à juste titre inquiets de leur sécurité, ont été brutalement assaillis par la police municipale lorsqu'ils exprimèrent leurs inquiétudes vis à vis de potentiels accidents dans leur municipalité, similaires à ceux de Tokyo. Mais malheureusement, nos collègues du Yorozu Chôho interprètent toute contestation formelle et légitime des politiques de Tokyo comme étant des actes de rébellion. Pareil jusqu'au boutisme ne peut qu'inquiéter les amants de la vérité et de la justice lorsque celle ci est mise en cause par les intérêts de quelques rapaces industriels ayant corrompus les bonnes personnes en charge des marchés de construction des entrepôts navals.
Jusqu'à quand les volontés rapaces de quelques uns continueront elles de nuire à la majorité ? L'Empereur Meiji ne nous aurait il débarrassé du Shogun que pour substituer à sa dictature féodale une dictature de l'argent ?
Ezo Times – 29 juin 1876

Le gouvernement de la République de Ezo communique au peuple japonais ses plus sincères condoléances quand au désastre qui frappe celui ci. Déplorant les pertes tragiques qui résultèrent de l'avidité de quelques constructeurs et fabricants mal intentionnés, son excellence Hijikata Toshizo espère sincèrement que la clique de Meiji saura faire preuve de davantage de sagesse dans le choix de ses partenaires industriels.
En complément de sa sincérité, la République a déjà entamée les pourparlers par voie diplomatique via l'Empire Qing pour envoyer par son entremise des fournitures médicales aux victimes des catastrophes.
Jiyû Shinbun – 2 jullet 1876

La république sécessionniste de Ezo, soucieuse des souffrances de ses frères japonais, se dit prête à envoyer du matériel médical et des docteurs sur les lieux touchés par les récentes catastrophes industrielles. Malheureusement, du fait de l'absence de traité de paix formel entre nos pays, nul navire partant depuis Sapporo n'est autorisé à relâcher dans les eaux japonaises. Ne serait il pas temps pour le gouvernement de notre bon empereur de normaliser une fois pour toute les relations avec cet État ? Chaque année, de nombreux de nos concitoyens de Sendai traversent à leurs risquent le détroit de Hokkaido afin de trouver du travail dans les ateliers de Happoro, s'engagent dans la flotte de pêché de Ezo ou vendent leurs produits à Hokkaido.
Et les secours humanitaires que la République souhaite offrir gracieusement à ce qu'elle considère ses compatriotes, serait refusés pour des raisons d'ego, alors que des milliers souffrent dans le besoin ?
Pour faire acheminer ces denrées médicales si précieuse, alors que des hommes d'affaire mal intentionnés stockent pour faire monter les prix des marchandises hautement vitales à Tokyo même, la République de Ezo est obligée d'envoyer un navire contourner le Japon par l'Est, accoster à Shanghai, faire transvaser sa cargaison sur un navire différent, celui ci faisant voile vers Tianjin, et de là que les diplomates Qing négocient avec le consul du Japon qui doit attendre de Tokyo par voie manuscrite les humeurs du gouvernement impérial, qui... Tout ceci est ridicule et meurtrier. L'ego blessé de quelques messieurs vaut il la vie de milliers ?

À la direction du Jiyû Shinbun, nous espérons que non.
Yûbin Hôchi Shinbun – 28 novembre 1876

L'ensemble de la flotte impériale a été envoyée au large des côtes de Joseon afin de faire entendre raison au gouvernement coréen sur les exactions commises contre nos équipages lors de l'incident Ganghwa. Notre glorieuse flotte fut en mesure de mettre fin à la sourde isolation et l'état d'arriération de la cour royale coréenne. Désormais les deux pays sont liés par un traité d'amitié à nul autre sans pareil, de même que nous obtînmes de justes réparations pour nos pertes. Le Royaume de Joseon bénéficie désormais des mêmes droits et privilèges que l'Empire du Japon, et nos ressortissants locaux sont protégés des lois crues et anciennes des yanbang. Un grand succès pour notre glorieuse nation, malgré les quelques incidents s'étant déroulés dans celle ci durant la campagne.

Rapport du Shinsen Gumi – Très secret : pour les yeux du président seulement
L'opération Kamikaze a été menée avec succès par nos contacts locaux. Les agents jugés comme représentant un ''risque'' ont été ''tus''. Les autres se sont vus adresser d'autres missions, conformément au plan établi. Tous ont été discrètement exfiltrés soit à Okinawa, soit vers Shanghai, puis Tianjin, puis Joseon. De là ils serviront un autre but. La capacité de la flotte impériale a été partiellement entamée. De nombreux enseignements ont été tirés de l'expérience.

Néanmoins les résultats n'ont fait que gêner la campagne navale au large de la Corée, sans pour autant la paralyser. Davantage de ressources pourraient être nécessaires si nous souhaitons obtenir des résultats de plus grande importance.

Par ailleurs, l'île de Kyushu reborde d'une agitation importante. De nombreux incidents voient des heurts de plus en plus nombreux entre le gouvernement central et des bandes de rônins et samurai se produire. Les efforts de nos hommes en Japon Meiji vont se concentrer davantage dans la région que dans le nord du pays afin de structurer les cercles de rebelles. La terre est fertile pour organiser des sociétés secrètes.
Furancisu
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Manuel de l'Histoire du Japon, Edition 1956.

Durant le début du gouvernement Meiji, celui ci fut confronté à une suite de révoltes locales et régionales, parfois encouragés par la république de Ezo, parfois tout à fait sincères. Ceux ci étaient la plupart du temps à l'initiative de sociétés secrètes, bien que celles ci jouent aussi le rôle de conducteur ou relais de ces soulèvements. Après tout, la plupart des jacqueries de l'époque cherchaient pour leurs officiers des anciens samurai, le prestige social de cette classe de guerriers féodaux, ajouté au statut de vétéran et à un imaginaire romantique et romantisé, et ceux ci étaient pour la plupart trop heureux d'y répondre, cherchant soit une mort au combat, soit à exercer de basses pulsions de vengeance à l'égard d'un gouvernement qui avait mi fin à leurs privilèges de classe.
Ainsi éclata la Rébellion de Shinpūren, le 24 octobre 1876. Malgré la présence d'agitateurs de Ezo dans la région, l'influence de ceux ci dans le déclenchement du soulèvement et sa conduite restèrent minimes jusqu'en 1877. Tout juste les agents du redouté Shinsen Gumi purent ils exercer un contrôle des dégâts aux marges, car ils craignaient la révolte trop peu organisée, trop tôt et peu soutenue, à raison. Leur influence joua surtout sur des questions tactiques.

Concernant le déroulement de celle ci :

Les rebelles, organisés en société secrète par Ōtaguro Tomoo, procèdèrent à une série d'assassinat des fonctionnaires espions du gouvernement dans la préfecture de Kumamoto, du 24 au 26 octobre. Enfin, dans la nuit du 27 octobre, quelques 250 hommes organisés en escouades attaquèrent les casernes de la garnison homonyme. Une escouade sécurisa la réserve des armes et munitions, tandis que le reste se chargea de tuer dans leur sommeil le reste des soldats, jusqu'à ce que l'alarme soit donnée.
L'effet de surprise, ajouté au fait que les conscrits impériaux étaient pour la plupart des paysans n'ayant pas été formés au corps à corps, fit que peu d'entre eux réchappèrent au massacre, les attaquants ne faisant aucun prisonnier ou preuve de pitié. Seuls quelques officiers, anciens samurai, parvinrent à se défendre par leurs sabres de cérémonie ou leur revolver, mais peu nombreux, ils ne firent pas le poids.
Les rebelles ne perdirent dans l'affaire qu'une dizaine des leurs tandis que plusieurs centaines de conscrits gisaient au sol. S'emparant des armes stockées, les samurai distribuèrent celles ci parmi eux et leurs partisans.

Dans le même temps, une deuxième équipe s'était emparée du télégraphe, afin d'empêcher le gouvernement central d'apprendre à propos de la rébellion.

Puis une troisième équipe s'était chargée d'attaquer les bureaux et résidences des fonctionnaires préfectoraux, capturant le gouverneur commandant de la garnison de Kumamoto et tuant son chef d'état-major.
Par la torture et le chantage des hommes du Shinsen Gumi, Ōtaguro Tomoo parvint à obtenir du gouverneur la proclamation de l'état d'urgence et à appeler à la constitution de milices de samurai afin de ''maintenir la tradition et la loi'' dans la préfecture.

Cette mesure permit aux rebelles d'armer ouvertement des centaines de volontaires à leur cause, mais également, sur l'insistance des agents de Ezo, des paysans hostiles à la réforme de la taxe foncière Meiji de 1873, qui avaient vus leur terres être confisquées en raison de leur incapacité à payer de nouvelles taxes, conduisant à l’émergence d'une classe de grands propriétaires terriens nombreux. Bientôt des émeutes et phénomènes de violences collectives furent observés à l'égard de ces grands propriétaires, des fonctionnaires et des bureaux des administrations ou tout ce qui faisait référence au gouvernement de Tokyo.

La rébellion se propagea aux préfectures de Saga et Nagasaki, mais le manque d'organisation des rebelles les empêcha de s'emparer des forts gouvernementaux qui, appuyés par la flotte impériale, réussirent à tenir en échec les révolutionnaires. L'envoi par le gouvernement central de quelques 20 000 hommes puis 50 000 autres en renfort au mois de septembre, permit de circonscrire le soulèvement à la préfecture seule de Kumamoto, bien que des actions de guérilla de faible intensité perdurent dans les provinces voisines.

Par ailleurs, le gouvernement de Meiji, craignant la propagation du soulèvement au domaine Satsuma, du fait du départ de Saigō du gouvernement Meiji, envoya une unité navale désarmer la ville de Kagoshoma, lieu clé du domaine Sastsuma. Les locaux résistèrent à cela, les troupes de samouraïs de Saigō se battant avec aussi bien des armes à feu modernes que des armes traditionnelles.

Ce soulèvement permit à entre 20 000 et 40 000 hommes de rejoindre les forces du soulèvement de Shinpūren en renfort, fin janvier 1877. Ce nombre important de militaires vétérans permit de repousser les forces impériales jusqu'à Kitakyushu, second chef lieu de la préfécture de Fukuoka, le gouvernement central ne contrôlant plus que la côte de celle ci à Usuki, et la presqu'ile de Shimabara, où la garnison impériale avait été renforcée, et gardant le contrôle de la baie par sa marine.

300 000 hommes supplémentaires furent envoyés réprimer le soulèvement, et des renforts depuis Kyushu partirent renforcer le réduit de Shimabara, en face de Nagasaki. Un blocus naval fut mis en place au large de Kyushu par la marine impériale.

Finalement, à la mi 1877, la campagne de Kyushu se termina lorsqu'un total de quelques 500 000 hommes fut envoyé rétablir l'ordre sur l’île, au prix de nombreuses exactions, et la destruction de la plupart des infrastructures construites par des capitaux étrangers, lesquels demandèrent par la suite des réparations pour leurs pertes. Pour ne rien arranger, la décennie suivante vit une guérilla samurai latente assassiner officiels et fonctionnaires Meiji malgré les meilleurs efforts de celui ci pour y mettre fin. Les archives secrètes de la République de Ezo sur la période révèlent que la plupart des agents avaient quittés les lieux afin d'éviter la capture, ne restant sur place que ceux n'ayant pu évacuer. La plupart prirent de fausses identités afin de continuer à organiser la guérilla. D'autres mettent fin à leurs jours. Aucun d'entre eux ne fut capturé vif. La poursuite de la guérilla fut donc principalement un phénomène local, l'influence étrangère jouant un rôle négligeable dans sa continuation.

Pour ne rien arranger, dans les derniers mois de la rébellion, alors que celle ci se mis à manquer de munitions, une évacuation désespérée fut menée par une partie des troupes de la rébellion. De nuit, avec des embarcations de pêcheurs mais aussi de pirates de la mer de Chine - contactés par des intermédiaires et payés par les Qing et Ezo - quelques 10 à 20 000 hommes furent transportés dans l'archipel de Ryukyu, mais aussi Taiwan et Shanghai, ceux débarquant dans ces deux derniers lieux la plupart du temps devenant mercenaires, dont certains jouèrent un rôle durant la guerre sino-japonaise des années 90.
La garnison de Ryukyu, affaiblie par le départ des hommes qui avaient été envoyés renforcer Nagasaki, ne fut en mesure de résister à cette invasion désordonnée qui se produisit en même temps qu'une activité renouvelée du mouvement indépendantiste local. La plupart des îles sortirent ainsi du contrôle effectif de Tokyo.
Il fallut attendre la fin de l'année 1877 pour que le gouvernement de Tokyo soit en mesure de mettre en place une expédition punitive afin de reconquérir les îles au cours d'une longue et sanglante campagne, qui poussa certains natifs à se réfugier en Taiwan, Chine continentale et Joseon, sur l’île de Jeju. Le soulèvement fut réprimé, certes, mais le mouvement national-révolutionnaire Ryukyu avait eu le temps de s'emparer du cœur et de l'esprit de la population locale, conduisant à une agitation constante de celle ci à mesure que les politiques assimilationnistes de Tokyo reprirent sur place. Enfin, Saigō Takamori, le chef de la rébellion Satsuma échappa à la capture.
Il ne fut redécouvert que durant l'invasion de Joseon, durant la guerre Sino-Japonaise, à la tête des troupes Donghak. Une fin ironique, pour le samurai méprisant des paysans en armes qu'il était, et longtemps partisan de l'invasion de la Corée.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Rapport à son excellence Kim Eung-seon ministre de la guerre de Joseon. Décembre 1878.

Notre mission auprès de tributaire Qing, la République de Ezo, est surprenante par bien des aspects.
Embarqués l'année dernière à bord du navire à vapeur du souverain Hijikata Toshizo, nous nous sommes familiarisés avec la langue des barbares de l'Océan de l'Est. Nous avons ainsi appris leur histoire. Ceux ci sont les survivants d'une guerre civile qui a divisée le Japon en deux camps, ceux de Ezo étant les défaits et s'étant enfuis pour échapper à l'ire des vainqueur au recoin le plus arriéré et lointain de la capitale du pays. Sans maître, le leur ayant été exécuté, ils furent contraints de choisir l'un des leurs pour les diriger. Leur survie ne tient que par l'entrée en guerre de la lointaine Russkya, cette horde barbare à qui la dynastie des Qing a eu a céder la Mandchourie extérieure, en plus d'autres concessions. De fait, les deux pays barbares entretiennent des relations très rapprochées bien que la nature exacte de celles ci semble nous échapper. La Russkya fait mouiller ses navires dans les ports de Ezo, sans pour autant que celle ci soit un tributaire, vassal, protectorat, allié ou partie de cette horde.

À notre arrivée à la capitale de la République de Ezo, nous avons été surpris par l'activité du port de Sapporo. Ce qui n'avait été il y a dix ans que la partie la plus négligée et arriérée du Japon était sous nos yeux un port aussi actif que Busan, doté d'une infrastructure portuaire n'ayant rien à lui envier. Des impressionnants bastions côtiers, dotés de canons plus gros que les nôtres détruits par les japonais l'année dernière, protégeaient la baie.

Lorsque nous sommes descendus du navire, nous fumes traités avec respect par nos hôtes. Ceux ci nous conduisirent à nos lieux. Étant en pays barbare, nous avons fait preuve de retenue devant l’exiguïté de nos logements et le manque de personnel de maison à notre service. Lorsque cette question fut adressée à nos hôtes, ceux ci firent remarquer que son excellence Hijikata Toshizo et la plupart de ses ministres étaient à peine mieux logés que nous, ce qui, par la suite, se révéla pour partie vrai.
Néanmoins, nos craintes de devoir vivre dans un froid similaire à celui de la glaciale garnison de Hwacheon. Grâce soit rendue au fils du ciel il n'en était pas si terrible, nos logements étant chauffés la plupart du temps grâce à un système d'hypocauste d'une grande ampleur, garantissant à une grande partie de la cité d'être protégée des rigueurs de l'hiver, au moins à l'intérieur.
Lorsque nous visitâmes cette capitale, nous remarquâmes un certain nombre d'hommes portant un katana au côté, alors que nombre d'entre eux n'étaient guère en atours de soldats. Il nous fut révélé qu'il s'agissait là de samurai ou de fonctionnaires. Il semble que l'entrée au service du gouvernement se traduise par l'obligation, si la guerre venait à frapper, de mener des troupes. Par ailleurs, nombre de barbares aux origines différentes que les japonais vivaient dans les rues de la capitale. Il y avait bien entendu des japonais, mais aussi des peuplades plus arriérées, celles ci portant des peintures tribales au visage, parfois à vie. Il s'agissait là, glanais-je, des premiers habitants de l'île. Hijikata Toshizo, plutôt que d'éduquer ceux ci à la civilisation par le feu et la lame, semblait croire que laisser ceux ci côtoyer une véritable ''civilisation'', permettrait à ces primitifs de se civiliser avec le temps. Le reste de notre expérience sur place présente sembla montrer quelque intérêt à cette mansuétude.
Par ailleurs, il y avait également des sujets des Qing vivant sur cette terre, ceux ci ayant abandonnés le port de leur natte traditionnelle, loin qu'ils étaient de la surveillance des barbares mandchous.
Enfin, une troisième sorte de barbare vivait sur l’île, plus grands que les autres, aux cheveux à la couleur de feu ou d'or et des yeux comme ceux d'azur. Ceux ci provenaient de la capitale de la lointaine Russkya, pour la plupart serfs, mercenaires ou aventuriers, venant travailler pour le compte de Ezo, que ce soit dans ses fermes ou ses immenses ateliers desquels d'immenses panaches de fumée sortaient jour, mais aussi nuit. L'un de ces barbares est même un membre du cercle restreint de Hijikata Toshizo, et membre de son gouvernement. Un certain ''Brunet''.

La vie nocturne dans la capitale était similaire à celle du palais de notre souverain à Séoul, à ceci près qu'une partie importante de la cité est constamment éclairée la nuit. Les barbares semblent utiliser une substance invisible qui se consume dans des cages de verre, produisant une importante lumière.
Ailleurs, dans les rues dénuées de cette lumière, des patrouilles de la milice maintiennent l'ordre. Rien de similaire à la vermine criminelle qui habite les recoins les plus sombres de Incheon ou Séoul. Les meurtres sont rares, et la milice locale, dotée d'uniformes, semble faire preuve d'un véritable souci pour capturer les véritables coupables, sans que quiconque n'ait à les payer pour cela.
La plupart des barbares japonais semblent également faire preuve d'un grand sens civique, dénonçant les comportements suspects au terrifiant Shinsen Gumi.
Le Shinsen Gumi est l'équivalent de l'ancienne garde de Brocat, la Jinyiwei, mais en plus efficace, loyale et effrayante. L'on dit que les hommes de celle ci sont partout, peuvent se déguiser en n'importe qui, et qu'un simple regard de leurs hommes perce l'âme du prisonnier, celui ci n'ayant plus de secrets à protéger. Ils connaissent l'avenir et dès qu'un crime est commis, voir même avant, ceux ci sont là pour le réprimer. Nombre d'espions, assassins et agitateurs du roi barbare de Edo ont trouvés la mort dans leurs geôles. Leurs hommes sont rapides comme le vent pour agir et sont aussi prompts à se réunir qu'à se disperser.
L'on dit qu'il n'y a que deux moyens de sortir de leur baraquement : les pieds devant, ou à quatre pattes.

Les rues de Hakodate sont tracées comme si celles ci avaient été une peinture sur une toile. Grandes et larges pour les principales, permettant aux marchands, aux chariots tirés depuis les docks et à la garnison d'emprunter celles ci avec un rapidité incroyable.
Et les lieux ne sont pas dotés de l'odeur déplorable qui assaille les narines, car un système souterrain fait transiter les déchets humains jusque dans le port où ils sont renvoyés au large.
Contrairement à Beijing, la capitale est par ailleurs dépourvue de fumeries d'opium, les barbares japonais semblant tenir avec l'horreur juste ces établissements, bien qu'ils ne soient pas exemptes de la consommation de produits douteux en grande quantité, tel que le café, le tabac et l'alcool.
Les maisons de plaisir sont strictement référencées par le Yanban local, et des inspections sur l'hygiène courantes. Par ailleurs, les courtisanes sont réunies en une forme de guilde, empêchant leur exploitation par des crapules mal élevées. Elles sont aussi plus chères. La prostitution de rue ne semble pas exister en ces lieux.

Concernant les forces armées de Ezo, celles ci semblent divisée en plusieurs parties. D'une part, il y a les marines. Une flotte de guerre permanente existe, mais celle ci est limitée à de petits navires chargés de patrouiller les îles du pays et tenir à distance contrebandiers, pirates et aventuriers japonais.
D'autre part, il y a une flotte dite ''de commerce'', où les navires dirigés par des marchands sont en réalité la propriété du gouvernement de Ezo. En temps de guerre, l'ensemble de ceux ci et leurs équipages peuvent être appelés à prendre les armes par l'autorité du ministère de la guerre.
Ensuite, il y a le Shinsen Gumi. C'est la police secrète de la République de Ezo. Elle se charge de faire respecter l'ordre et la loi, de débusquer les traîtres et les espions. Elle est aussi efficace que terrifiante, car nul ne sait qui en est membre avec précision. Et il se dit que même à l'étranger, en dehors de la république, des agents de celle ci viennent frapper au cœur ses ennemis. En temps de guerre, ses agents doivent arrêter et punir les déserteurs de l'armée. Et elle a l'autorité sur les milices urbaines de l'île.
L'armée permanente de Ezo, similaire au corps des mousquetaires de Séoul, est composée de quelques milliers d'hommes. Ceux ci sont principalement répartis dans les différents forts côtiers de l'île principale. Ils sont armés d'arquebuses fabriquées à la mousqueterie de Hokaido, mais leurs armes n'ont rien à voir avec nos fusils à mèche, ils tirent plus vite, plus fort et sont plus rapides à recharger, et plus précis. Enfin, ils savent tirer du canon, mais d'un canon plus long, plus allongé, que ce qui remplissait nos forts côtiers ou ceux de Beijing. Puis il y a des monstres, que même plusieurs chevaux attelés ensemble pourraient avec difficulté tirer. Ceux ci sont achetés à d'autres barbares. Ezo en a peu, mais le simple aspect de ceux ci interdit l'entrée dans la rade aux navires ennemis, car un seul tir suffirait à couler même le plus gros bateau de guerre.
Certaines unités de l'armée de Ezo s'entraînent presque tous les jours, même sous la neige, dans les montagnes et forêts du pays. Enfin, tous les soldats de Ezo ont un fusil mais aussi un katana, et sont requis de savoir user des deux.
Puis il y a les levées paysannes, bien que qualifier ces hommes de paysans serait leur faire injure. La République de Ezo accepte toute personne souhaitant apprendre les armes dans sa milice. Celle ci, durant trois ans, apprend à se servir des armes, à marcher au pas, en formation, à tirer, recharger, charger, faire retraite, creuser des fortifications et se dissimuler dans le paysage. À l'issue de ces trois ans, ce soldat peut entrer dans l'armée régulière, ou retourner dans sa famille.

Étrangement, tous ceux qui ont servi trois ans dans l'une de ces forces est habilité non seulement à donner son avis sur la conduite du gouvernement, mais aussi à concourir à l'exercice de celui ci. Comment Ezo ne s'est pas transformée en un pays détruit nous échape. De même que nous ne comprenons pas le grand nombre de civils en arme, ou faisant usage de celles ci. Car même en dehors de l'armée, il est reconnu que le dernier des paysans ait le droit de posséder une arme et de s'en servir pour s'entraîner à son usage dans certains ''clubs'', des champs de tir qui n'en sont pas. Ezo ne semble guère craindre un soulèvement armé de son peuple, contrairement à ce que les écrits de Confucius pourtant mettent en garde...
Injure suprême aux travaux de Confucius, la place des femmes est sens dessus dessous, car Hijikata Toshizo, m'a-t-on dit un jour, se lamentant qu'il n'y avait assez d'hommes en capacité de porter les armes si jamais la guerre venait à être portée sur le pays, se fit répondre qu'il n'avait qu'à en donner aux femmes. Et celui ci, à l'encontre de la morale la plus élémentaire, de répondre en accord à son moqueur. Imaginer que des jeunes filles, des mères de familles et des veuves puissent non seulement porter des armes, mais avoir les mêmes droits que les hommes, est tout à fait horrible. Nous ne donnons pas cher de l'avenir de ce pays, à mesure que les familles se déchirent, que les femmes se mettent en tête de dicter leur conduite aux hommes et délaissent les devoir qui leur sont dû depuis la nuit des temps.


En conclusion votre excellence, si la République de Ezo est puissante, si ses forces armées sont à imiter, il est tout à fait hors de question que le poison des idées qui anime son gouvernement ne soit autorisé à être communiqué à notre peuple, ou bien ce serait l'effondrement de l'ordre social millénaire garanti.

Rapport à son excellence le chef d'Etat major de Joseon.

Votre excellence. Les officiers japonais qui ont été invités par notre noble souverain se sont vu installés par nos soins.
Néanmoins, comme attendu de barbares, dès les premiers jours de leur venue ceux ci ont inventés des erreurs de notre part et ont eu un comportement peu à propos de la part de yangban. Mais qu'attendre d'autre de la part de pareils barbares.
Ceux ci critiquent en tout point la valeur de nos mousquetaires, leur entraînement, la carrière de nos officiers, le système hiérarchique.... et aussi les traités militaires qui ont si longtemps éduqués nos lettrés et officiers.
Pis encore, ils se donnent en ridicule presque tous les jours, exposant leur peau au tout venant sur le terrain d'entraînement comme le dernier des paysans après leurs exercices.
Leur ingérence est tout à fait inacceptable, de même que leur coréen est au mieux bâtard, au pire châtié. Il n'y a rien de bon à apprendre de ces hommes et nous recommandons de les rejeter à la mer comme les barbares qu'ils sont.
Leur présence à Séoul était visiblement une erreur.
Envoyez les à la garnison de Gwangju. Ils se verront confier une compagnie de mousquetaires entière qu'ils auront à entraîner selon leurs ''pratiques''. Nous observons l'étendue de leurs résultats aux prochains Geukyeong. Les jeux de guerre prochains prouveront l'étendue de leur inutilité de manière éclatante.
Furancisu
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Message par Furancisu »

Ottawa Times – 30 janvier 1879

La commission russo-britannique est parvenue à un accord sur le tracé des frontières entre la province américaine de la colonie de Alyaska et les terres de la Compagnie de la Baie de Hudson.
Sont reconnues comme territoire de l'Empire britannique tout ce qui est au sud de la ligne entre la colonie de Hazelton et le Fort Babine. Néanmoins, la navigation sur la Babine et la Skeena sont autorisées pour les citoyens anglais, pourvu qu'ils se livrent à un contrôle de douane de l'administration locale aux embouchures des lieux susmentionnés. Par ailleurs, le tracé frontalier passe par le lac Stuart, sa rive Sud étant britannique, sa rive nord russe.
Le nouveau tracé frontalier fut le fruit de longues négociations où la commission mixte étudia la réalité de l'occupation du terrain, l'ampleur du contrôle des parties sur celui ci et les réalités pratiques que la répartition des terres donnerait. Ainsi est conclu, à partir de l'Ouest du Canada, que :
Un segment, de Hazelton à Fort Babine est tracé, le nord de celui ci revenant à l'Alyaska, bien que des droits de navigation sur la Skeena et la Babine entre les deux soient accordés aux navires canadiens pourvu qu'un contrôle de douane soit effectué par les autorités locales russes à l'un de ces lieux.
De là, un tracé descend vers le Lac Babine, remonte au lac Stuart, descend la Rivière homonyme, remontant jusqu'au Lac Margaret. De là, un segment plein Est jusqu'à Summit Lake est tracé, puis une frontière suivant jusqu'à Fort Saint John sera établie.
De Fort Saint Jean, la frontière suivra la Rivière de la paix jusqu'à Fort Vermillon. De là, toutes les terres, en ligne droite, jusqu'à Fort Providence seront coupées en deux. Les terres au sud Fort Providence et la rive Sud du Lac des esclaves revient au Dominion du Canada. Les terres de la rive Ouest jusqu'à l'embouchure de la rivière menant au Prosperous Lake, sont rattachées à la colonie d'Alyaska. Les terres à l'Est de celle ci sont rattachées au Dominion du Canada. La frontière la plus au Nord se fera en suivant, le lac Duncan, le lac Gordon, et cette droite sera poursuivie jusqu'à la mer Arctique. Tout ce qui est à la rive Ouest des lacs est à l'Alyaska, tout ce qui est à la rive Est est au Dominion du Canada.

Telles sont les frontières déterminées. Le gouverneur du Dominion du Canada et le gouverneur général de l'Alyaska s'engagent à faciliter la navigation fluviale sur les cours d'eau transfrontaliers, dans un esprit de coopération. L'Alyaska par ailleurs, pour dédommager le Dominion du Canada, s'engage à garantir pour encore dix ans la chasse des animaux de fourrure sans taxes sur ce territoire aux chasseurs disposant d'une licence canadienne délivrée avant la signature de ce traité.

Tout ajustement des frontières entre le gouvernement du Dominion du Canada et la colonie de l'Alyaska se fera à la discrétion d'une commission géographique bipartie de ces entités, dans l'esprit des répartitions susmentionnées, dans l'espoir de faciliter le dialogue frontalier pacifique.

Le traité de Copenhague entrera en application en juin de cette année.

Image
Une itération de la conférence de Copenhague eu lieu en 1885 à la suite de l'accord du Panjdeh.
Modifié en dernier par Furancisu le 14 mars 2024, 11:38, modifié 1 fois.
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