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Les avions chaotiques étaient toujours là, pilonnant au besoin les quelques cibles ayant malheureusement attiré leur attention. Le bombardement avait déjà sérieusement ébranlé l'état du régiment, si bien que les gardes n'avaient désormais ni l'équipement, ni le moral pour faire face à ces horreurs venus d'ailleurs : la fuite était la seule option viable qui venait à l'esprit d'Aestaban.
C'est ainsi que la petite escouade se retrouva bloqué, dissimulé tant bien que mal derrière une souche d'arbre servant d'abris de fortune. Le terrain de manoeuvre était devenu un piège mortelle, qui ferait disparaitre les trois compères tout aussi surement qu'un tir de Hell Talon. La boue et les cadavres avaient transformé le lieu en un véritable No man's land, que le Caporal se devait néanmoins de franchir s'il espérait sortir vivant de cette hécatombe.
Plongez dans ses pensées, le jeune homme ne remarqua même pas la présence de la seconde classe Tamblyn, ayant pris place juste à côté de lui. La petite guerrière lui collait aux basques depuis quelques temps déjà, si bien qu'il avait fini par ne plus faire attention à sa promiscuité. Et visiblement, elle se posait autant de questions que lui sur la suite des opérations... mais leur réflexion était tout à fait inverse. Là où le Caporal était prêt à tout pour trouver une échappatoire à cet enfer, elle semblait convaincu que rester cacher ici était une bonne idée. C'était définitivement la peur qui parlait en lieu et place de la soldate : Umah espérait qu'il leur suffirait de s'abriter, puis de laisser passer la tempête pour échapper au carnage, mais la réalité était tout autre. Rester ici ne ferait que les rapprocher d'une mort plus que douloureuse. Le bombardement n'était que le début d'une invasion à plus grande échelle et ce n'était sans doute pas un hasard si le terrain avait été une des cibles prioritaires de l'attaque. Il ne savait pas quand, il ne savait pas comment, mais le Caporal était certain que les troupes au sol n'allaient pas tarder à suivre ce bombardement préventif. Et dans ce cas de figure, cette cachette factice ne leur serait d'aucune utilité...
- Je suis formel, seconde classe. Nous devons rejoindre le PC au plus vite, ou notre mort est assurée. Vous l'avez vous-même dis, ce bombardement n'est probablement que le prémice d'une invasion au sol. Pensez-vous vraiment que nous pourriez trouver une cachette adéquate au milieu d'une armée entière ? Ce ne sera qu'une question de temps avant qu'ils ne nous trouvent et ne nous abattent comme des chiens... Et encore, ce serait sans doute là la version la moins douloureuse pour nous. Rejoindre le reste du régiment est notre seule chance de survivre, notre seule chance de nous battre, et de pouvoir repousser ces enfoirés à l'autre bout de la galaxie. Libre à vous de vous planquer dans un terrier si vous le souhaitez, mais je vous aurais prévenu...
Seul la communication Vox de Lorenzo empêcha le caporal de prolonger sa petite tirade, happant d'un seul coup toute l'attention du flegmatique soldat. Ne prenant même pas la peine d'écouter la réponse d'Umah, le Caporal se retourna en direction de son "bras droit". Il s'apprêtait à parler, mais les paroles disparurent au fond de sa gorge devant le triste spectacle auquel il assistait. Il avait vu juste, il avait horriblement vu juste : le débarquement allait démarrer d'une minute à l'autre. Sans qu'il n'ait à se répéter, la seconde classe changea aussitôt d'avis, sans doute aussi troublé que lui par l'arrivée des troupes chaotiques. Ils fallait qu'ils se tirent d'ici, et en vitesse. D'un geste brusque, il empoigna le Comm-Vox de Lorenzo, afin de s'assurer du soutien du sergent Costa :
- Ici le Caporal Aestaban Geist. On va avoir besoin de vous pour sortir de cette merde, Sergent. Tirez au fusil, au mortier, n'importe quoi tant que ça peut occuper un minimum ces fils de putes. On arrive, et si l'empereur est avec nous, en un seul morceau. Geist, terminé.
Se relevant, l'Alcatran toisa le champ de bataille d'un regard rapide, avant d'adresser une rapide prière à l'Empereur-dieu. Il n'était pas sûr que le saint souverain de l'humanité lui serait d'une quelconque utilité ici, mais vu la situation, aucune aide ne pouvait être refusé !
- En espérant que ces idiots ne nous tirent pas dessus... Soupira Aestaban, avant de s'élancer vers les premières tranchées.