Umah continuant de hurler et de tirer comme une damnée n’avait pas remarqué l’arrivée brutale du caporal Geist dans la tranchée. Ce dernier s’y était jeté comme un vulgaire sac de sable alors que les balles et les lasers fusaient autour de lui.
Le temps qu’Umah sorte de sa folie furieuse et que Geist se remette d’aplomb la situation avait changé. Sentant le vent tourner en leur faveur, les assaillants maintenant tous déployés au sol, partirent à l’assaut des tranchées. En même temps, venant de milliers de bouches, un intense cri de guerre survola le champ de bataille. La dernière phase de l’assaut planétaire commençait.
Les mortiers et les obus ravageaient les lignes de défense. Les balles, grignotaient les sacs de sable comme des centaines de souris sur un sac de grain. Leurs couverts se désagrégeant, les défenseurs tombaient un par un. Les pièces lourdes des tranchaient tentaient de ralentir l’assaut, mais en vain. D’ailleurs, plusieurs canons lasers et autocanons furent mis en hors d’état de service par des tirs d’armes lourdes ennemies. Les assaillants étaient trop nombreux. Courant et tirant comme des fous furieux, leur avancée était implacable. Pour la première fois depuis le débarquement, les défenseurs commençaient à voir clairement les troupes du chaos. Ce n’était plus des silhouettes sombres et lointaines, mais des soldats très différents à l’uniforme macabre. Une parodie d’humanité… Tous semblaient enragés et excités à l’idée de se battre et de verser du sang. Sur une bonne partie d’entre eux, des traces de mutations étaient visibles. A la vision de ces sbires des sombres puissances, les réactions furent variées. Certains, terrorisés, tentèrent de fuir. A peine sorti des boyaux de défense ils furent tous fauchés. Leurs corps, basculant inertes dans les tranchées qu’ils avaient voulus fuir. D’autres restèrent totalement hébétés, paralysées par la peur qu’inspiraient les assaillants.
Le sergent Costa n’était pas de ceux-là. Jurant et crachant à l’encontre des soldats ennemis, il hurla dans la tranchée à l’attention de son escouade.
- Soldats ! Aujourd’hui nous allons mourir. Je refuse de mourir avec une balle entre les omoplates, dit en secouant dédaigneusement avec son pied le cadavre d’un fuyard retombé dans la tranchée.
- C’est pourquoi nous allons tenter l’impensable. Justement ce que l’Empereur désire de nous. Nous allons contre attaqué l’ennemi. On va sortir de ces tranchées ! Ils ne s’attendent surement pas à cela. Et c’est pour cette raison que c’est notre meilleure chance! La fin de la phrase du sergent fut couverte par le vacarme de véhicules blindés.
Toute l’escouade regardait le sergent avec des yeux ébahis. Costa n’était pas plus courageux que les autres tout compte fait songea Lorenzo. Sa peur lui avait fait complètement perdre la raison.
- A mon commandement, s’empressa le sergent Costa.
- Non, sergent. Nous ne ferons pas ça.
- Qui a dit ça ?
- Moi, sergent, dit Lorenzo en assumant toute responsabilité.
- Très bien, vous passerez le premier alors, répondit froidement Costa en braquant son pistolet sur le première classe.
- En route, montez sur cette échelle, on vous suit. C’est un ordre !
- Mais … sergent …, balbutia Lorenzo au comble de la stupeur.
- Les autres suivront n’ayez crainte, dit le sergent faisait passer son arme sur chaque membre de l’escouade.
Tous les soldats de la Delta étaient stupéfaits et leurs yeux étaient écarquillés de terreur. Les décisions et l’attitude de Costa étaient complétement déroutantes. Que faire ? Suivre Lorenzo vers une mort plus que probable ? S’opposer au sergent ? Tous avais raffermis la prise sur leurs armes, mais personne n’avait le cran de s’opposer à Costa.
Alors que Lorenzo montait un à un les barreaux de l’échelle en gémissant, rien ne semblait pouvoir améliorer sa situation. Les autres escouades à proximité se faisaient étriller par les tirs ennemis et avaient d’autres préoccupations immédiates. Les membres de la Delta étaient toujours aussi immobiles et le sergent Costa, toujours aussi menaçant avec son arme laser. Le temps ne paraissait plus s’écouler, il était devenu immuable. Quelqu’un allait-il intervenir ?
-Idiot !
Ce mot fusa comme la décharge laser qui suivit. Une seconde plus tard, le sergent Costa s’effondra raide mort, un trou entre les omoplates…
Toute l’escouade se tourna vers la source du tir, prêt à faire feu. Debout, au-dessus de la tranchée se tenait un officier vêtu d’une tenue macabre, un pistolet encore fumant dans les mains. A ses côtés, une vingtaine d’hommes avaient braqués leurs fusils laser sur l’escouade Delta. A la moindre incartade, ils ouvriraient le feu. Aucun des membres de l’escouade du feu sergent Costa n’avait déjà vu ces soldats, mais tous avaient entendu parler de leur régiment. La Death Korps de Krieg. Un régiment aussi terrible que le laissait supposer son nom.
- Hé, soldat, s’adressa l’officier de la Death Korps à Lorenzo.
- L’Empereur protège, mais met ton casque tu veux ?
Pressé par Costa, dans la panique, Lorenzo avait été prêt de partir à l’assaut des assaillants sans son casque. Comme un signe de remerciement, il acquiesça, les yeux écarquillés.
Afin de couvrir la retraite des tranchées, les hommes de la Death Korps se mirent à tirer de toutes leurs armes. Derrière eux, les multi-lasers de leurs transports de troupes « Chimère » firent aussi parler d’eux. Tel un dieu de la guerre, l’officier de Krieg debout, tirait avec son pistolet. Sans se mettre à couvert, appuyé par ses hommes dont il avait toute confiance, les balles adverses ne semblaient pas l’atteindre. Cet homme était-il le sauveur ou le fossoyeur de l’escouade Delta ?
Segmentum Pacificus, Elona, Comté de Niobé, Terrain de manoeuvre Ignis, 999.M41.19h55.
Ayant détectés un intrus dans leur champ de vision, le groupe de soldats avança armes au poing, prêt à faire feu. Contre toute attente, une jeune femme vêtue d’un uniforme local se releva brusquement en appelant à l’aide. Tous la mirent en joue et avancèrent, la tête de l’inconnue dans leurs viseurs.
- Qu’est-ce que vous foutez là, cria celui qui semblait être leur chef.
Voyant qu’ils n’avaient visiblement rien à craindre, les soldats relâchèrent d’un cran la prise sur leurs armes. La femme n’était qu’armée d’un couteau. Bien que de bonne facture, elle ne pouvait rien tenter à cette distance contre leurs armes lourdes. L’officier Tallarn avança vers Taille, son fusil laser pointé vers elle.
- Vous cherchez à fuir ce merdier aussi ? Quelle est l’état du blessé ?
- Je suis le capitaine Ali Radja, 22ème régiment d’infanterie de Tallarn. Voici mon bras droit, Aïcha Djamena, lieutenant, opératrice lance-plasma. Et voici les premières classes, Khaaba et Madji. Mais si nous sommes ici à cet instant c’est grâce au secours in extremis des majors Marcus et Sextus, membres des forces spéciales du 30ème Harakoni Warhawks.
L’inconnue restant silencieuse, la lieutenant Djamena pris la parole.
- N’en disons pas trop, j’ai aucune confiance en elle Ali, dit-elle en dévisageant Taille d’un air mauvais.
- Aïcha à raison, déclinez votre identité. Et surtout dites-nous ce que vous foutez ici ? Ou est votre régiment, ou sont vos camarades ? Votre uniforme local ne sera en aucun cas un laisser-passer. Trop de traîtres ont tendance à se cacher parmi nous.
- Et baissez ce putain de couteau, conclut Aïcha Djamena.
Tous dévisageaient Taille, leurs armes prêtes à servir. Le sourire mauvais d’Aïcha Djamena conjugués au bruit de plus en plus menaçant de son lance-plasma aurait fait parler n’importe quel homme sain d’esprit.