Page 5 sur 6

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:23
par Cyriatur
Le contact avec l’antique machine, loin de revigorer Helveticus, lui était apparu aussi froid que la mort. Pour lui qui ne s’était jamais connecté qu’à des appareils en parfait état de fonctionnement, semblable expérience constituait un choc propre à provoquer un frisson d’effroi le long de son échine encapuchonnée. En lieu et place du réseau complexe d’interactions qu’il escomptait, ses cogitateurs avaient affaire à un glacial vide cybernétique, sensation susceptible d’ébranler toute conscience formatée par le dogme du Mechanicus. Habitué à nager dans les données communiquées, le pauvre acolyte s’en trouva désemparé, décontenancé par ce vide étouffant, cette absence de vie. Surmontant son désarroi, il résolut d’entreprendre un rite de réanimation calibré de façon à ne pas risquer un éveil plein et entier des systèmes de protection de la machine.

Test d’interaction (sur INT) : 20, il se passe quelque chose d’imprévu. Oops.
Test de réactivité [(sur (INT+INI)/2] : 6, réussite.
Test subsidiaire (motif caché) sur 1D6 : 2.
Le stratagème était ingénieux, visant à faire un atout de l’inconvénient que constituait initialement l’état d’épuisement chronique des systèmes de la sonde. Plusieurs minutes terranes furent néanmoins nécessaires à ne serait-ce que compléter le rituel partiel de réanimation, à force de fumerolles, d’encens, et de stimuli électroniques. Quelques menues réponses finirent par paraître en faibles lignes de binaires sous les sollicitations incessantes du technoprêtre. Helveticus se rua cérébralement sur ces signes de vie cybernétique, les déchiffrant de concert avec son servocrâne, les couvant du regard, les enveloppant de requêtes de relance. Ce-faisant, ses cogitateurs lui remontaient déjà de premiers résultats d’analyse : les systèmes internes de la sonde utilisaient une version familière de la Lingua Technis, quoique certaines tournures de codes puissent parfois paraître désuets. Parmi le ténu flux d’informations accessibles, l’acolyte releva notamment plusieurs éléments permettant de confirmer l’hypothèse d’un état de veille profonde à fins d’économie d’énergie. Outre cette fragile respiration métaphorique, d’Esprit de la Machine nulle trace. Cette absence seule suffisait à nimber l’esprit d’Helveticus d’un linceul d’effroi latent : c’est le cœur serré qu’il entreprit d’examiner les quelques requêtes commençant à poindre vers ses systèmes internes.

Soudain, tout s’accéléra : l’un des ensembles de données en cours d’activation émit une requête jugée suspecte par quelque chose parmi les systèmes corticaux d’Helveticus. Dans un réflexe cybernétique non maîtrisé, l’acolyte se sentit déconnecté, mis à distance des paquets frauduleux par un sursaut de ses propres protocoles internes de sécurité. L’incident fut aussitôt clos, mais l’activité des systèmes de la sonde s’en ressentit pour une raison inconnue, retombant dans une inactivité morbide.

Alors seulement, Helveticus perçut le froid du métal contre sa paume : il venait malgré lui de prendre appui contre l’un des murs de cet engin inhospitalier. Le souffle court, la peau moite, l’épaule endolorie dans le froid nocturne du désert, tout vint le tirer de sa torpeur. Son regard tomba vers le sol, et il aperçut le panneau, entrouvert, dans la pénombre ambiante.

Tremblant encore malgré lui, une tempétueuse migraine tonnant contre ses tempes, l’acolyte hagard plongea une main avide dans le coffre mural. Une surface parcheminée arrêta ses doigts gourds ; extirpant le document, il rompit à tâtons un cachet de cire, avant de déchiffrer péniblement, sous le faisceau lumineux de sa mécadendrite optique.


Une plume empressée a écrit :
+++ Approuvé pour transmission astropathique +++
Lieu d’envoi : Frégate inquisitoriale Ardeur Impériale (Système Soth)
Destination : Terra, [HT 15/3175]
A verser aux Archives Inquisitoriales, Terra
Auteur : Inquisiteur Arran
Autorisation : Seigneur Inquisiteur Solon Sirilus
Image
Maître,

A ma plus grande honte, je crains de devoir vous annoncer la faillite de la mission que j'ai eu l'insigne honneur de mener, en votre nom et pour le bien de l'Imperium. Je vous adresse en toute hâte ce rapport, faute de pouvoir vous le présenter en personne, dans l'espérance qu'il vous parvienne. Si l'Empereur le veut, pour le bien de Son Imperium, votre accréditation suffira à faire remettre cette cargaison à nos pairs.

J'ai pris la liberté de réquisitionner cet appareil afin d'acheminer ce que je ne puis désormais vous remettre moi-même. Si vos hypothèses se sont révélées fondées, nous étions néanmoins attendus, de sorte que l'interpellation ne s'est pas déroulée telle que prévue par votre mandat d'intervention de référence [X-8017e-31-c-01-M38]. En dépit de mes efforts, la confrontation avec la cible a dégénéré en affrontement. Dans l'impossibilité d'obtenir l'objet premier de notre mission, j'ai cru bon de faire usage du coffret de stase que vous m'aviez remis en ce sens, afin de préserver le crâne de la cible avant mort cérébrale.

Moyennant infrastructures adaptées, vos services devraient être en mesure de mener un interrogatoire en bonne et due forme, ainsi que d'exploiter le plein et entier savoir de la cible. Nulle hérésie ourdie par l'Adeptus Mechanicus ne saurait rester impunie.

Arran
Image

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:23
par Helveticus Matix
Helveticus était plongé dans un rituel complexe et épuisant, mais ne pouvant supporter l'écho vide qui émergeait de la sonde, il redoubla d'efforts. L'exigu couloir était plongé dans une brume âcre et étouffante s'échappant continuellement de l'encensoir, tandis que les murs étaient recouverts de parchemins minutieusement rédigés par l'acolyte. En même temps, Matix appliquait divers onguents sur la surface métallique de la console.

En concert avec MOC, il projetait, via le mécadendrite connectique, une suite de petites décharges énergétiques à un rythme binaire savamment exécuté. Le tempo avait une signification importante, traduisant une litanie chuchotant à l'oreille de l'Esprit de la Machine comateux pour le sortir de sa torpeur. Aucune bouche non organique ne pourrait la prononcer et aucun esprit non-augmenté et initié ne pourrait la comprendre, mais cette langue encore plus poussée que la Lingua Technis transmettait des paroles revigorantes via impulsions énergétiques. Après de longues minutes, la machine finit enfin par réagir.

Dans un premier temps, Matix s'émerveilla. C'était la première fois qu'il parvenait à rendre la vie à un être mécanique, une entreprise dont peu d'acolytes pouvaient se vanter. Mais passée la courte euphorie de son succès, Helveticus fut de nouveau frappé par une réalité glaçante : la sonde vivait, mais l'Esprit de la Machine restait introuvable. La sonde n'était pas plus chaude qu'avant, tel un cadavre agité de soubresauts écœurants.

Les lignes de binaire apparaissaient ici et là avant s'étioler pour ne pas consommer trop d'énergie. Matix et MOC les analysèrent immédiatement, captant la moindre donnée qu'elles avaient à offrir. Mais l'acolyte était mortifié, écoutant les mots d'un mort qui répondait timidement à ses requêtes. Chaque sollicitation était une entreprise compliquée car la sonde se réveillait lentement et n'entendait pas toutes les paroles de Helveticus. Mais qui entendait réellement ces paroles? Qui traitait ces données pour y répondre ensuite? Ce n'étaient pas des paquets binaires aléatoires, ils réagissaient au rituel de réanimation de l'acolyte.

Pourtant, Helveticus restait branché. Il continuait d'analyser, de cataloguer et de diagnostiquer les informations qui lui parvenaient. S'il avait eu une bouche reliée à un estomac, il n'aurait probablement pas pu se retenir de vomir. Il savait que sa migraine n'était pas loin, le menaçant de s'emparer de son cerveau si l'acolyte se déconnectait de la console. Mais en était-il seulement capable? Cette machine infernale le tenait entre ses griffes et n'avait probablement pas l'intention de le laisser partir un jour.

Comme pour répondre à sa terreur, un flot de donnée se déversa soudain sous les yeux de l'acolyte. La sonde était réveillée et elle avait faim. Se nourrir de l'esprit de Matix et corrompre ses protocoles serait son seul objectif et Helveticus se sentait submergé par l'accumulation binaire qui s'accumulait en lui. Ses cogitateurs se mirent à chauffer dangereusement, si bien que son cerveau risquait de griller d'un instant à l'autre. Puis, plus rien.

Quand l'acolyte rouvrit les yeux, il était appuyé contre la paroi en métal du couloir. Ses cogitateurs toujours chauds, son horologium incorporé l'informa qu'il avait passé à peine quelques secondes d'inconscience. Ses protocoles de quarantaine ne parvenaient pas à stocker le mal-être abominable qui s'abattait sur tout son corps. Tremblant, fiévreux, nauséeux, il avait bien du mal à mettre de l'ordre dans son esprit. Un rapide diagnostique tenta de rejouer les événements qui venaient de se dérouler : Helveticus avait paniqué devant la profusion de donnée et des protocoles inconnus venant de son propre cerveau avaient exécuté un shutdown général, l'extirpant de sa connexion mentale avec la sonde au détriment de ses fonctions cérébrales. Ce genre de manœuvres n'était pas inconnu des membres du Culte de la Machine, mais restait un dernier recourt. Il y avait toujours des risques d'endommager les cogitateurs ou même certaines parties du cerveau, notamment les souvenirs. Fort heureusement, quelques diagnostiques supplémentaires conclurent que les cogitateurs et le cerveau de Matix n'avaient pas souffert de ces effet indésirables.

MOC, qui était toujours connecté à la sonde, informa son maître que la machine avait été totalement drainée de son énergie et que toute tentative supplémentaire de la ranimer serait infructueux. Tant mieux, cette abomination ne serait plus jamais ramenée à la vie. Il fallait la détruire immédiatement. La terrible migraine qui s'acharnait sur son crâne redoubla d'intensité à cette pensée, mais finit par se calmer : il n'y avait plus aucune donnée à extraire de la console. Helveticus arracha le mécadendrite connectique de son UIC, le laissant pendre mollement comme la tentacule d'une pieuvre endormie.

Lorsqu'il prit appui sur le mur pour se relever, sa main ne rencontra aucune résistance et l'acolyte chavira. Il se rendit soudain compte que le compartiment scellé sur lequel il avait tenté de poser sa main était à présent ouvert! Toujours sonné, il fouilla le coffre et s'arrêta sur une surface dure sur laquelle était posée un parchemin. Il en extirpa donc le document, laissant sa deuxième trouvaille pour plus tard, et en défit le seau. Sa lecture le frappa au point qu'il relut le document avec son mécadendrite, persuadé que son œil organique lui faisait défaut.

Une fois de plus, bien des réponses furent apportées, mais infiniment plus d'interrogations se soulevèrent. Le texte était bien originaire de l'Inquisition, mais la sonde, elle, avait été réquisitionnée. Il n'y avait donc pas plus d'information sur la nature du vaisseau, en revanche, Matix en apprit bien plus sur sa dernière mission.

Une expédition, probablement menée par l'Ordo Machinum, avait pour but de récupérer un objet détenu par une cible identifiée. La mission c'était cependant soldée par un échec lorsque l'individu avait refusé de coopérer. L'objet n'avait pas été récupéré, mais l'individu avait été défait et... sa tête... avait été conservée dans le but d'être expédiée, via la sonde, à une infrastructure de l'Inquisition.

Helveticus n'eut pas besoin d'exécuter des diagnostiques approfondis pour rattacher les pièces du puzzle. Il établit un scénario à la riche probabilité de 87,735%! Il y a deux millénaires de cela, un membre de l'Adeptus Mechanicus avait fait une découverte qui l'avait mis dans les projecteurs de l'Inquisition. Cette dernière avait utilisée son organisation spécialisée dans les affaires concernant le Mechanicum, l'Ordo Machinum, et envoyé ses agents pour récupérer cette technologie considérée comme hérétique. Le technoprêtre n'avait heureusement pas capitulé, gardant pour lui les données ou même la localisation de cette technologie, au péril de sa propre vie. Les misérables inquisiteurs l'avaient donc combattu, puis décapité, pour que son crâne soit ravivé et interrogé plus tard avec le matériel nécessaire.

Conservé dans un champ de stase, le temps ne s'écoulait plus pour la tête humaine emprisonnée, si bien qu'elle devait être aussi fraîche et conservée qu'au moment où elle y avait été placée. Post mortem, spécifiait le document, donc avant même la mort cérébrale. Le technoprêtre était toujours vivant! La sonde avait ensuite été écartée de sa trajectoire durant son périple par les anomalies gravitationnelles du système d'Arak VII et s'était écrasée sur la planète.

La suite restant plus houleuse car Helveticus n'arrivait pas à dégager une probabilité convaincante entre différents scénarios. A 21,241%, la sonde elle-même était réellement anathème. Ce qui signifiait alors qu'elle avait 76,302% de chances d'être dotée d'une abominable Intelligence Artificielle. Ce pourcentage passait à 96,942% si on comptait l'expérience vécue quelques secondes plus tôt par l'acolyte et l'absence d'interaction avec un quelconque Esprit de la Machine. Kryptaestrex avait eu vent de ce modèle connu et catalogué comme hérétique et en avait ordonné la destruction.

A 19,212% Kryptaestrex connaissait bel et bien la nature de la mission de la sonde et son cargo. Pour éviter de réveiller d'anciennes tensions avec l'inquisition (41,952%) il avait décidé de la détruire et ainsi de faire table rase. Sinon, la technologie détenue par la tête du technoprêtre était considérée comme trop dangereuse ou hérétique (58,048%) et devait être éliminée.

A 9,001% Kryptaestrex avait juste cherché à évaluer les capacités de son nouveau disciple. Il l'avait donc envoyé dans cette mission montée de toutes pièces pour juger s'il était capable de résister à la tentation d'étudier la pièce anathème (ce à quoi, Helveticus avait misérablement échoué). Dans ce cas, Kryptaestrex n'avait pas conscience de la nature du cargo à bord. Il l'aurait juste envoyé détruire une simple épave lambda, à la technologie trop anecdotique pour être exploitée, concluant qu'envoyer Matix, un simple acolyte influençable, droit vers une technologie réellement anathème serait trop dangereux.

A 6,341%, Kryptaestrex, son propre géniteur, faisait en réalité parti de l'Ordo Machinum et espionnait, pour le compte de l'Inquisition, ses collègues du Mechanicum. Ne connaissant pas les détails de l'antique mission de l'Ordo, il avait pourtant identifié le cargo et considéré que sa destruction était préférable pour éviter qu'elle ne soit mise à jour au sein de l'Adeptus Mechanicus.

Une infinité d'autres scénarios défilaient dans les cogitateurs de l'acolyte, mais leur pourcentage était bien trop anecdotiques pour être pris en compte.

Soudain, Helveticus prit pleinement compte de se qui se tenait à peine à quelques centimètres de lui. Il se pencha pour mieux voir à l'intérieur de la cavité et découvrit un large cube : le coffret de stase renfermant la tête intemporelle du technoprêtre millénaire. Matix se rendit brusquement d'un son, ou plutôt d'un rythme, qui battait autour de lui. Il tendit lentement son bras valide vers le cube et le rythme s'accéléra, s'intensifia. Ce n'était pas mécanique, ce n'était pas cybernétique, ce n'était pas énergétique. C'était son propre cœur qui tapait contre ses tempes, contre ses muscles, contre sa cage thoracique. Il menaçait à chaque instant de s'échapper de sa poitrine, frappant toujours plus fort à mesure que les centimètres se grignotaient entre les doigts de l'acolyte et le cube.

Avec une infinie précaution, Matix dégagea le coffret du compartiment. Il analysa dans ses moindres détails la prison de stase. Elle était composée d'une première couche de pierre sur laquelle était gravée des symboles inconnus. La pierre s'était effritée sur une grande partie de la surface, dévoilant un métal parfaitement lisse et régulier : de l'adamantium. Helveticus savait que le coffret de stase lui-même, sans compter ce qu'il recelait, était une véritable merveille technologique. Quasiment impossible à forcer et encore moins sans détruire son contenu, il y avait une suite de manœuvres bien précises et propres à chaque coffret à exécuter pour l'ouvrir.

C'était au rang d'acolyte que l'apprenti prêtre avait fait peut-être la plus grande découverte de tout sa future carrière. Ce qu'il détenait recelait soit les données, soit la carte menant à une technologie si terrible qu'elle avait immédiatement attiré l’œil inquisiteur. L'esprit pragmatique de l'acolyte ne pouvait imaginer la nature de cette technologie, mais cela n'empêchait pas son corps de trembler frénétiquement. Aucun de ses protocoles, aucun de ses diagnostiques ne purent définir la démarche à suivre. Helveticus, bien qu’extatique ne savait absolument pas quoi faire. Kryptaestrex était-il digne de confiance? Sinon, à qui pouvait-il s'adresser? Le temps n'était pas aux réponses mais à l'action.

Helveticus traita la montagne de données qu'il avait accumulés depuis son arrivée sur Arak VIII et établit un plan d'action. Il refit une seconde fois le diagnostique pour s'assurer que rien n'avait été oublié et tomba sur le même résultat. Son raisonnement était le bon et il devrait s'y tenir. Il se releva et sentit quelque chose le tirer sur la gauche. Son bras disloqué s'était défait de son écharpe et pendait mollement, des gouttes de sang glissant à présent sur le bout de ses doigts. Écœuré, Matix préféra l'ignorer, considérant qu'il avait bien plus important à faire pour l'instant.

L'acolyte envoya son serviteur aller chercher Seth et Tekh. Il leur pointa du doigt les explosifs stockés dans le vaisseau pour qu'ils les prennent avec eux. Une fois qu'ils eurent rejoint Helveticus, ce dernier leur ordonna de minutieusement placer les charges dans la structure pour assurer sa destruction. Pendant que son serviteur était allé chercher les autres, Matix avait scanné la sonde une fois de plus pour définir les points faibles de sa structure. Il leur fallut bien une quinzaine de minutes pour tout finaliser, mais au moins, les explosifs avaient 97,879% de chance d'annihiler complètement le petit vaisseau démoniaque.

Les trois compagnons et les deux serviteurs se tinrent quelques instant à bonne distance en face de leur objectif. Pendant une bonne minute, ils restèrent immobiles, bercés par les cantiques voxés de concert par MOC et Helveticus en Lingua Technis. Lorsque les dernière paroles furent prononcées, l'acolyte patienta encore quelques secondes pour contempler une dernière fois la sonde. La curiosité qu'il avait ressenti à son égard s'était totalement envolée, il l'avait vidée de tout ce qu'elle avait de positif à lui offrir. Ce n'était plus qu'un tas de ferraille anathème et hérétique qui témoignait d'une insulte à l'égard de l'Omnimessie. D'un simple ordre radio, Matix déclencha les explosifs.

Immédiatement, la ligne de code sacrée qui brillait dans ses cogitateurs disparue, creusant un étrange vide dans l'esprit de l'acolyte. Malgré l'accomplissement de sa première mission sacrée, Helveticus ne ressentit pas la satisfaction attendue. Son esprit était bien trop agité, encombré de tant d'informations sensibles et d'anticipations quant à son avenir proche et lointain. Sans plus de cérémonie, il tourna le dos au brasier et se redirigea vers la navette, les documents précieux de l'Ordo Machinum soigneusement rangés et cachés dans sa tunique. Le serviteur, lui, portait le coffre de stase sous son bras organique. Seth et Tekh l'avaient probablement remarqué, bien que Matix aurait préféré l'éviter, mais il n'avait pas eu le choix.

Il ne savait pas réellement s'il désirait réellement accomplir son devoir ou plutôt reporter le plus possible son retour auprès de Kryptaestrex, mais Helveticus avait toujours l'intention de faire sa part du marché envers Seth. Ils se dirigèrent donc vers la navette avec pour prochaine destination l'épave du vaisseau de l'Adeptus Mechanicus.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:23
par Cyriatur
Image
La surface du cube était glaciale sous la caresse des doigts du technoprêtre, bien plus froide que ce que ses cogitateurs avaient pu pronostiquer. A la lumière de la note manuscrite, Helveticus avait identifié cet artefact comme un coffret de stase, un artefact d’anciens temps, dont le simple contact l’honorait, lui, humble acolyte. C’est donc avec révérence et prudence qu’il manipulait le pesant objet, prolongeant le contact de sa paume avec ces faces sculptées, en proie à une curieuse fascination.

Etrange coffre que ce cube dénué de serrure comme de la moindre anfractuosité, creux ou cavité. Les seules irrégularités de sa surface provenaient de motifs décoratifs, s’apparentant à de la pierre au toucher, courant sur chaque paroi du cube. De nombreux motifs géométriques s’entrecroisaient ainsi sous le toucher de l’acolyte, sans que ces signes n’évoquent quelque référence que ce soit au sein de ses bases de données. Par endroits, la fine épaisseur de pierres s’était effritée, révélant une structure lisse en adamantium, matériau rare mais aisément reconnaissable pour un serviteur du Mechanicus. A la question de savoir comment les motifs gravés dans la fine pierre pouvaient seulement tenir à-même l'adamantium, l'acolyte n'avait pas la réponse. L’une des faces du cube était particulièrement insolite, barrée par une bande rectiligne du résistant métal mis au jour.

Un autre détail que l’acolyte prit soin d’archiver concernait le poids du coffret relatif à sa taille. Lorsqu’il le souleva, le mystérieux coffre couvrait ses avant-bras du creux du coude jusqu’aux paumes, mais le poids de l’objet était considérablement plus important qu’escompté par ses calculs. Un fulgurant éclair de douleur traversa son bras gauche déjà blessé. Fort heureusement, il disposait de serviteurs capables de porter ce trésor pour lui.
La destruction de la sonde à l’aide du matériel octroyé par l’Adeptus Majoris ne posa pas de problème, et le silence revint bien vite sur le désert noyé par la nuit. Ce même silence suivit le petit groupe lorsqu’ils regagnèrent la navette, nul n’osant prendre la parole. Seth avait d’abord semblé intrigué par le coffret, mais n’avait pas posé de question, pressentant vraisemblablement que l’acolyte n’était pas enclin aux confidences à ce sujet. Le jeune chef du campement se cantonna à donner des indications au pilote concernant la direction de leur prochaine destination. Tekh s’était quant à lui fait discret depuis qu’ils avaient quitté le campement, tâchant peut-être de ne pas commettre d’impair propre à lui mettre Helveticus plus à dos encore. Ce-dernier enfin était resté pensif, sourd aux éclairs de douleur émanant de son bras brisé, absorbé par ses réflexions.

***
Image
C’est dans cette atmosphère relativement pesante qu’ils parvinrent à destination, moins d’une demi-heure de vol plus tard. Pas un mot n’avait été échangé, et un simple regard du technoprêtre à ses compagnons aurait résulté en un malaise bien plus prégnant encore. Si le premier avait un semblant d’occupation pour dissimuler ses émotions à Helveticus, Tekh en revanche était manifestement nerveux. L’arrivée à destination leur fournissait une occasion bienvenue de se dégourdir les jambes. En effet, comme Seth l’avait mentionné, les ruines de ce vaisseau se situaient un peu plus encore à l’écart du cimetière d’épave, de sorte que tout arrivant mal intentionné serait aisément détecté par les détectaugures de la navette. Par ailleurs, en l’absence de relief, le désert s’étalait à perte de vue aux alentours, il leur était donc possible d’atterrir sans encombre.

La disposition des ruines du vaisseau en question semblait indiquer que l’épave s’était écrasée proue la première, de sorte que la majeure partie du bâtiment était soit ensevelie sous les sables d’Arak VII, soit détruite. Les ruines apparentes s’apparentaient quant à elle à la forme d’un sordide éperon pointé vers le ciel nocturne. En dépit du manque de luminosité, Helveticus pouvait relever par lui-même la présence de plusieurs bouches de réacteurs, mais guère davantage en vue d’identifier la classe de ce navire. Seth avait pourtant mentionné la présence d’emblèmes du Mechanicus sur la coque de cette épave, mais la nuit d’Arak n’était pas assez claire -ou la distance encore trop importante- pour le confirmer.

Conformément au protocole du Mechanicus en présence d’une épave sujette à investigation, le serviteur pilote avait lancé une série de contrôles par le biais des détectaugures du vaisseau, rapidement transmis à Helveticus par le truchement de son servocrâne utilitaire. Les données étaient toutefois partielles et peu exploitables : l’analyse des formes apparentes de la coque du bâtiment orientait l’identification à 70% en faveur d’un ancien modèle de transporteur du Mechanicus, datant au maximum de trois siècles. Les lacunes de la banque de données de la navette ne permettaient malheureusement pas aux cogitateurs embarqués d’aboutir à de meilleures conclusions.

En revanche, parmi les multiples brèches de la coque naufragée, l’une semblait exploitable en vue d’une reconnaissance prudente. D’après le diagnostic rendu à Helveticus, cette ouverture permettrait possiblement de se rapprocher de l’emplacement probable de hangars de chargement.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:24
par Helveticus Matix
Pour une meilleure lisibilité, il est conseillé de télécharger la police utilisée : http://www.fontpalace.com/font-details/Binary+CHR+BRK/
Bonne lecture :)
La navette glissait paisiblement vers sa destinations, agitée de quelques tremblements irréguliers lorsque les intempéries se manifestaient. A l'intérieur, le silence pesait lourdement sur les membres de l'équipage, seulement perturbé par le vacarme continu des réacteurs et les sons de pompes réguliers du bionique respiratoire de Matix. Entre deux pompes, si l'on tendait bien l'oreille, on pouvait même entendre le grésillement de ses cogitateurs en surexploités.

Helveticus avait tant de données à traiter, de statistiques à calculer et de lignes de code à exécuter que ses cogitateurs, pourtant performants, peinaient à suivre. L'espace de stockage, pourtant un problème rarement récurent avec le matériel du Mechanicus, faisait le plus défaut. L'acolyte était obligé de minutieusement sélectionner et compresser chacune de ses données et d'en effacer beaucoup d'autres, ce qui faisait que leur traitement était encore plus ralenti.

Il n'avait pas pu résister et bien qu'il avait déjà défini la démarche à suivre pour le futur immédiat sur Arak, Matix continuait de rechercher une manœuvre précise à accomplir une fois de retour sur Mars. Il ne voulait oublier aucun facteur, or ces derniers prenaient une ampleur infinie tant sa découverte pouvait avoir des répercutions prolifiques. Chaque secteur du Mechanicus, politique, militaire, de recherche ou même inquisitorial devait être pris en compte, sans compter les innombrables lois et préceptes religieux qui limiteraient grandement son champ d'action. Helveticus en était convaincu, il serait obligé d'en enfreindre plusieurs, mais il se devait de les sélectionner attentivement pour s'assurer que l'aboutissement de son plan excuserait ses transgressions. Or, beaucoup de ces préceptes étaient inviolables, quelle qu'en soit les raisons.

Pour couronner le tout, Helveticus, tout acolyte qu'il était, manquait de beaucoup de données pour accomplir ses calculs.

Lorsque Matix et le serviteur, portant le boitier de stase sous le bras, rejoignirent les deux guides, aucun mot ne fut échangé, hormis les instructions pour rejoindre l'épave du Mechanicus. L'acolyte l'avait bien remarqué, Tekh et tout particulièrement Seth, avaient posé un regard interrogateur sur l'artefact trouvé. Le fait qu'ils ne commentent pas cette découverte était encore plus préoccupant que s'ils avaient partagé leurs interrogations. Car quand la bouche reste soudée, c'est que l'esprit travail.

A présent dans l'habitacle de la navette, Helveticus aurait bien aimé pouvoir observer ses deux "invités", mais ils se trouvaient malheureusement dans son angle mort. Était-ce l'Omnimessie même qui avait parasité son implant optique pour le préserver des regards interrogateurs de ces nuisances? Pour l'empêcher de dire la parole de trop? Les voies de la Force Motrice sont impénétrables.

De toute façon, même si les deux habitants d'Arak VII étaient curieux, cela ne perturbait en rien les plans de l'acolyte.

Alors qu'ils arrivaient à destination, Helveticus se risqua à tourner la tête pour observer longuement ses guides. Comme il l'avait prédit, un profond malaise c'était installé. Le serviteur, lui, restait imperturbable, un long filet de bave coulant de la commissure de sa bouche. L'acolyte s'imagina le visage de Tekh à la place de celui de son garde du corps et son moral reprit vigueur.

Le transporteur se posa sans difficulté à une centaine de mètres du vaisseau. Matix se refusa de le contempler au travers des différents auspexs de la navette et attendit que celle-ci scanne l'épave au maximum de ses capacités pour définir un éventuel danger immédiat. Il analysa les données brutes et conclut qu'ils pouvaient s'approcher sans risque, mais qu'il ne fallait pas baisser sa garde pour autant. Helveticus descendit du véhicule et avança de quelques pas vers une petite colline pour contempler le funeste spectacle.

Étrangement, l'acolyte ne ressentit pas le même désespoir que lors de son atterrissage sur la planète. Plutôt un profond mélange de tristesse et d'admiration. Le tableau était magnifique, un léviathan mort dans une grâce surnaturelle. Bien que la disparition de plus de la moitié de son corps trahissait un choc d'une extrême violence, il se dégageait une incroyable harmonie de la scène. La troupe resta immobiles pendant plusieurs minutes le temps que Matix récite des prières soigneusement sélectionnées.

Une fois ses cantiques binaires chantés, l'acolyte envoya MOC en éclaireur pendant qu'ils prenaient la direction de la porte improvisée du bâtiment. Le servocrâne avait pour ordre d'analyser la structure du vaisseau en détail et de chercher pour du matériel ou des données dignes d'être récupérées. Il ne s'attendait pas à grand chose, vue la nature profane et pillarde de la population locale, mais se disait que ces ravisseurs n'avaient peut-être pas les mêmes intérêts qu'un membre du clergé du Mechanicus.

Sur le chemin, Helveticus s'adressa à Seth pour la première fois depuis leur départ de la sonde.


<Décris-moi cet esprit dont tu m'as parlé. Comment se manifeste-t-il? L'avez-vous vu? Quelles ont été ses actions à votre encontre?>

Alors qu'il approchait de la brèche béante, l'acolyte s'équipa de son encensoir. Lorsqu'il posa pour la première fois le pied sur le sol bancal de l'épave, il s'arrêta pour émettre une nouvelle prière à haute fréquence et libérer un épais nuage d'encens qu'il avait savamment accumulé pendant le trajet. Sans jamais s'arrêter d'émettre, il reprit son avancée d'un pas lent, les yeux clos et les bras écartés. Seul son mécadendrite optique trahissait son intense curiosité à scanner la moindre parcelle de structure qui s'offrait à lui.

Matix tenta de repérer une console d'interface à laquelle il pourrait se connecter, espérant qu'elle aurait encore assez d'énergie pour fonctionner. Ceci fait, il tenterait de lentement sortir le vaisseau de sa veille éternelle avec la douceur d'une mère réveillant tendrement son enfant. La manœuvre serait une première pour l'acolyte. Certes, il était déjà entré en contact avec l'Esprit de la Machine d'un vaisseau de dimensions largement supérieures, mais jamais n'avait-il entrepris de réveiller pareille structure par la simple force de ses cogitateurs.

S'il y parvenait, alors Helveticus prendrait le rôle d'un observateur, analysant d'une part les données pour comprendre un peu plus le vaisseau et la nature de son accident et guettant le moindre signe d'un éventuel esprit tourmenté de l'autre.

La navette, quant à elle, avait reprit un stationnement aérien à distance raisonnable du sol. Elle avait pour ordre de scanner continuellement la zone pour éviter toute intrusion surprise. Mais la véritable raison de cette manœuvre était que l'acolyte ne pouvait se résigner à laisser l'artefact à la portée de quiconque.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:24
par Cyriatur
Jet d’empathie (CHA+INT/2, avec bonus ponctuel de +2) : 15, échec marqué.
La navette avait atterri sans encombre en terrain découvert, à une centaine de mètres de l’épave tout au plus. Il eut en effet été hasardeux de les déposer plus près, dans la mesure où l’impact présumé de l’épave avec le sol sableux d’Arak avait modelé une forme de relief artificiel, progressivement recouvert de sable par les vents. Ne leur restait donc, une fois le seuil de la navette franchi, qu’à progresser le long d’un dénivelé d’apparence praticable permettant l’accès à une brèche dans la coque de l’immense vaisseau. Au cours de cette progression dans la fraîcheur de la nuit dans le désert, Helveticus ne put s’empêcher de relever la mine songeuse affichée par le jeune Seth, dont le regard indéchiffrable demeurait rivé sur la forme de l’aéronef échoué. Impossible néanmoins pour le technoprêtre de deviner le fil des pensées ayant cours dans l’esprit de son interlocuteur, ses cogitateurs et banques de données n’étant d’aucune aide face aux insondables arcanes du comportement humain.

La réponse à sa question première se fit attendre, ne venant que progressivement, Seth évoquant ses souvenirs d’une voix lointaine, alors qu’ils entamaient l’ascension du talus.

Image
« C’était comme un souffle… Comme un halo rayonnant depuis l’intérieur de la structure…

D’ordinaire, je ne perçois plus rien une fois les vaisseaux tombés du ciel, mais là, c’est différent.

Ça nous appelle… »

Parvenus au sommet de l’élément de relief, ils firent halte, le temps pour Helveticus d’engranger quelques informations supplémentaires concernant la structure extérieure de la coque. Un bref examen suffit néanmoins à l’aspirant technoprêtre pour valider un diagnostic plausible : la brèche devant eux résultait clairement des conséquences du crash ou de l’entrée dans l’atmosphère d’Arak VII. Qu’il s’agisse d’un heurt avec un autre objet à la dérive, ou de l’impact du naufrage proprement dit, quelque chose avait exercé une pression suffisante sur ce flanc du vaisseau pour causer une déchirure de plusieurs mètres de large, leur permettant de traverser aisément la coque, elle-même épaisse de plusieurs bons mètres terrans. Forts de ce constat, et conformément au plan, le petit groupe entreprit d’accéder à l’intérieur du vaisseau, se retrouvant rapidement sur le sol -incliné du fait de l’orientation de l’épave- d’une coursive d’apparence assez classique, quoique très obscure. Il leur fut néanmoins possible d’inspecter les lieux, la lumière de l’outillage mécadendrite d’Helveticus notamment.

Sur leur gauche, la sombre coursive se prolongeait sur quelques mètres, s’enfonçant sous le niveau du talus, plongeant vers une probable portion souterraine de l’épave. Une épaisse porte automatique anti souffle, close, flanquée d’un tableau de service, barrait ce chemin.

Sur leur droite, le sol du couloir s’élevait jusqu’à se tordre, un mur tordu par le crash condamnant toute progression de ce côté-ci, à l’exception d’un interstice extrêmement étroit entre les parois effondrées.

Enfin, encastrées dans le mur leur faisant face, deux portes latérales de service, visiblement closes. Chacune était dotée d’un panneau de service similaire. La première était disposée légèrement sur leur droite, tandis que la deuxième se situait un peu plus bas le long de la coursive sur leur gauche, une marque d’impact déformant son battant.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 15 sept. 2019, 13:24
par Helveticus Matix
Helveticus enregistra minutieusement la réponse de Seth pour tenter d'en décrypter les moindres sens et sous-sens. Omnimessie, qu'il détestait le ton spirituel et mystérieux employé par ce gamin! Ne pouvait-il pas s'exprimer logiquement? Les membres du Culte Mechanicus sélectionnaient soigneusement chacun de leur mot, même en Bas Gothic, s'assurant d'un dialecte clair et sans détour. Le langage binaire permettant de transmettre infiniment plus d'information que n'importe quelle langue parlée, les technoprêtres étaient réputés pour leur pragmatisme et leur intolérance envers des interlocuteurs évasifs.

Pourtant, dès qu'il mit un pied dans l'épave du vaisseau, Matix comprit la signification de ces paroles. Une sorte de chaleur qui lui manquait depuis qu'il avait quitté le Lex Machina. L'expérience à l'intérieur de la sonde anathème avait profondément marqué l'acolyte, un froid qui lui avait glacé les os et que la maigre chaleur de la navette n'avait pu faire totalement disparaître. La superstructure avait une âme, certes endormie, mais dont l'énergie pulsait doucement dans chaque composant du vaisseau.

Cela faisait si longtemps qu'il avait quitté les forges de Mars que Helveticus avait bien du mal à se remémorer l'omniprésence et la puissance de cette sensation. Dans un monde débordant de machines sacrées, il semblait qu'une couverture épaisse et rassurante enveloppait votre corps pour vous relier à la folle activité des systèmes de la planète. Le Dieu Machine vous suivait partout, sa douce étreinte physiquement palpable. Sur Arak VII, Il ne vous quittait pas, mais vous surveillait de loin, alors que dans la sonde, sa présence avait tout simplement... disparue.

L'acolyte purgea cette sensation de ses stockages mémoriels, aussi bien pour préserver son âme que sa santé mentale.

Le sol était fortement incliné, mais heureusement, la troupe pouvait y marcher debout en s'appuyant d'une main. L'entrée dans l'épave se faisait relativement aisément pour l'acolyte qui s'aidait de sa main droite, mais lorsqu'il devrait en sortir et s'appuyer sur son bras gauche, ce serait une toute autre histoire. Malgré l'obscurité ambiante, Helveticus put compter sur son mécadendrite optique et la lampe de MOC pour éclairer la vaste salle.

Après quelques analyses, Matix identifia plusieurs itinéraires d'exploration : deux portes latérales en face de lui et une autre blindée à sa gauche. Le servocrâne identifia aussi une petite brèche sur la droite dans laquelle il tenta de s'immiscer pour explorer la partie du vaisseau inaccessible. Il enverrait une flot de données continues à son maître pour le tenir informé de ses découverte.

Comme la logique le lui dictait, Helveticus se tourna vers la porte anti-souffle. Blindée, elle avait de fortes chances de renfermer du précieux matériel. De plus, il devait se l'admettre, l'acolyte était impatient de voir son lourd mécanisme se mettre en branle pour dévoiler ses secrets.

Matix s'approcha donc prudemment de l'interface de la porte, manquant de glisser sur la pente et de se rétamer contre le battant scellé. Ne trouvant aucune position confortable pour brancher son UIC crânien au panneau de contrôle, il se résolut à utiliser ses doigts. L'interface était recouvert de runes et de gemmes qui aurait rendu perplexe tout membre extérieur du Culte. Fort heureusement pour lui, Helveticus n'était pas un néophyte et cet agencement lui était familier.

Ses doigts pianotèrent à toute vitesse et, après seulement quelques touchers non réactifs, les gemmes reprirent leurs couleurs chatoyantes et l'écran holographique s'illumina. Les systèmes se remettaient lentement en marche, s'extirpant petit à petit de leur torpeur. Dans un premier temps, les demandes de l'acolyte ne reçurent aucune réponse, mais la machine somnolente finit par accepter de coopérer, bercée par le doux cantique de réactivation d'Helveticus.

Jet de réactivation (INT, avec bonus ponctuel de +2) : 10, réussite (communiqué par Malcador).
Finalement, le mécanisme se mit en action, le vacarme dévoilant une puissante machinerie à l'oeuvre tandis que la porte s'écartait du chemin de son invité. Ce dernier détourna son regard émerveillé de la structure en branle pour le reporter sur ce que la nouvelle pièce avait à lui offrir.

Une obscurité totale bloquait sa vision à présent totalement organique, du moins jusqu'à ce que Matix ne reporte son mécadendrite optique vers ce qui semblait être un immense hangar. Son œil s'écarquilla sous l'excitation tandis que ses cogitateurs tentaient de définir précisément ce qu'il venait de découvrir.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 22 oct. 2019, 00:04
par Cyriatur
La porte pressurisée devait en effet disposer d’un mécanisme robuste et bien protégé, comme il sied à un esprit de la machine à la fonction aussi cruciale en cas de crise : l’acolyte put donc sans trop de peine réactiver ces systèmes, actionnant le lourd mécanisme. La salle sur laquelle s’ouvrirent les épais battants était bien plus vaste que la coursive, ressemblant à une sorte de hangar de stockage. Ou du moins était-ce la fonction la plus probable que les cogitateurs d’Helveticus purent supputer, au vu du cataclysmique désordre s’offrant à la vue. L’espace de la pièce était en effet pour une grande part occupé par des monticules de caisses et conteneurs, marqués pour la plupart du crâne cerclé d’un rouage, symbole du Mechanicus. Du fait de la forte inclinaison du sol, l’intégralité du hangar était néanmoins sens dessus dessous, ayant vraisemblablement été ainsi propulsés pêle-mêle lors du naufrage du bâtiment.
Un rapport provint aux cogitateurs de l’acolyte, émanant de Moc le servocrâne. Le silencieux familier s’était en effet prêté à une série d’hypothèses sur la base des données accessibles, établissant notamment une relation de corrélation entre l’angle d’inclinaison de l’épave, l’affaissement des murs de la coursive derrière eux, et l’apparent chaos habitant le hangar. D’après les calculs du modeste servocrâne, ces différents éléments étayaient la thèse selon laquelle le désordre régnant à bord pouvait résulter principalement du seul crash sur le sol d’Arak VI.

Jet de perception (HAB+INI/2) : 19, échec.
Image
De tous les éléments amoncelés dans son champ de vision au sein du hangar en contrebas, Helveticus n’avait néanmoins d’yeux que pour un seul objet, que le faisceau lumineux projeté par sa sinueuse mécadendrite oculaire venait de faire ressortir dans l’obscurité. Pour l’acolyte, il aurait aussi bien pu être seul à bord de cette épave, son intérêt ayant été piqué, une curiosité dévorante le rongeant désormais. Là, en contrebas, par-delà l’embrasure de la porte, un caisson éventré offrait son flanc béant au regard de l’acolyte.
Et de son contenu répandu au sommet d’un monticule de conteneurs similaires, Helveticus ne retenait pour l’heure qu’une seule chose : une forme d’équipement dont émanait une multitude de câbles divers, et qui lui rendait son regard de ses orbites vides.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 22 oct. 2019, 14:44
par Helveticus Matix
Pour une meilleure lisibilité, il est conseillé de télécharger la police utilisée : http://www.fontpalace.com/font-details/Binary+CHR+BRK/
Bonne lecture :)
A la manière de muscles et de tendons, le mécanisme de la porte s'actionna pour libérer l'entrée de la mystérieuse salle. Les siècles n'avaient aucunement entamé la vigueur et l'efficacité des lourds battant, ces derniers glissant presque sans fausse note sur leurs rails minutieusement sculptés. Incapable de détacher son regard de la porte en action, Helveticus se fascinait de voir une pièce technologie n'ayant pas bougé d'un pouce pendant des âges fonctionner aussi parfaitement. C'est uniquement lorsque les battants furent entièrement cachés dans la structure du mur que l'acolyte sentit son attention comme happée par la pièce qui s'offrait à présent à lui.

Ses trois yeux (l'aveugle compris) fixèrent immédiatement un point précis dans la pièce, sans même rebondir sur son environnement alentour. Matix était persuadé que s'il l'avait voulu, son regard n'aurait pourtant pas pu s'en détacher. C'était dans ce coin sombre du hangar, éclairé par la lueur bleutée de son mécadendrite optique, qu'une caisse éventrée dévoilait un contenu... passionnant. Helveticus ne savait toujours pas de quoi il s'agissait, mais sans pouvoir l'expliquer, il était persuadé qu'il méritait son entière attention.

Des lignes de données récoltées par MOC défilaient dans les cogitateurs de l'acolyte sans que ce dernier n'y prête attention. Matix était bien trop concentré à analyser sa découverte et à creuser dans ses banques de données personnelles pour tenter de l'identifier. Il effleurait la solution, mais ne parvenait pas jamais à la saisir, cheminant entre différents schémas pré-enregistrés et des statistiques comparatives.

C'est finalement son cerveau organique qui trouva la solution à partir de plusieurs souvenirs disséminés aux cours des années. Helveticus fut pris de vertiges, les bruits de pompe jusque là réguliers de son respirateur s'affolèrent et ses cogitateurs se mirent à grésiller. Son mécadendrite se mit à frétiller d'excitation et son oeil organique s'écarquilla comme s'il souhaitait jaillir de son orbite.


<Par l'Omnimessie! Une... Une Chair Véritable!>

Tel un dément, l'acolyte tendit son bras encore valide vers sa découverte et se dirigea vers le hangar, ignorant totalement la pente dangereuse sur laquelle il avançait. Son pied trébucha sur la console qui lui avait permis d'ouvrir la porte quelques secondes plus tôt et Matix perdit l'équilibre. Les stabilisateurs organiques et artificiels de son cerveaux l'alertèrent d'un fait pourtant évident : l'acolyte plongeait vers le vide et se fracasserait bientôt le crâne au fond du hangar.

Alors que la terreur lui agrippait de plus en plus le coeur, Helveticus sentit un impact brutal et ferma l'oeil. Son mécadendrite optique l'informa rapidement qu'il avait percuté le coin de l'ouverture du hangar, le stoppant dans sa chute et le sauvant d'une mort probable à 54,204%. Son bras invalide pendant mollement dans le vide, l'acolyte se dépêcha de retrouver le regard du symbole du Mechanicus gravé sur le dos de la Cyberchape.

Matix s'en souvenait parfaitement à présent. Quelques années auparavant, alors qu'il quittait l'office du soir, Matix avait croisé au détour d'un couloir un Technoprêtre d'une incroyable prestance. Cette majesté était en grande partie due à l'imposante structure qui couvrait son dos. "La Chair Véritable" comme on l'appelait, ou encore Cyberchape pour Chrysalide. Une pièce d'équipement très rare et souvent de qualité, la Chrysalide était un pas immense sur le chemin de l'élévation corporelle. Une structure dorsale composée de plaques renforcées de câblages électriques et d'appendices tentaculaires multiples. Elle permettait de pousser la conversion mécanique toujours plus loin en servant de support à de futurs améliorations autrement encombrantes. Peu de gens pouvaient en admirer l'entière manufacture, car une fois implantée, une partie de son armature était dissimulée sous les robes de l'Adepte.

Helveticus n'avait jamais oublié l'expression indescriptible du Technoprêtre revêtant cet exosquelette. C'était probablement un état de grâce conféré par le Touché du Dieu Machine.

Lorsqu'il s'arracha à sa contemplation, l'acolyte comprit soudain que son cheminement jusqu'ici n'était pas dû au simple hasard. La requête de Seth, leur cheminement jusqu'à l'épave, le vaisseau répondant juste assez à ses prières pour lui dévoiler ce hangar, lui projetant presque cette relique au visage. L'Esprit de la Machine lui avait offert cette découverte, l'ayant fait venir à lui par sa simple volonté. Etait-ce pour cela qu'il s'était manifesté auprès des pilleurs? Quoi qu'il en soit, Helveticus n'avait pas l'intention de faire preuve d'ingratitude.

Ce n'était pas à lui de récupérer la Chaire Véritable, l'acolyte devait avant tout remercier l'Esprit de la Machine pour son présent et le revigorer autant qu'il le pouvait. Helveticus ordonna donc à Seth et à Tekh d'aller eux-même récupérer l'imposante relique, aidés par le Serviteur pour apporter une pointe de muscles à la troupe.


<En temps normal, il vous serait strictement interdit de poser la main, ou même le regard, sur pareille artefact. Mais refuser ce présent serait tout aussi blasphématoire. Sachant que je ne peux pas moi-même y avoir accès à cause de mes blessures, l'Esprit de la Machine vous accorde cet immense honneur.>

<Protocole :
1//: une fois à proximité de la relique, vous vous inclinerez pendant cinq minutes.
2//: vous remercierez dans cet ordre : Son Eminence / L'Omnimessie / Le Deus Machina
3//: vous exécuterez le Signe de l'Engrenage
4//: vous répéterez en boucle et sans jamais vous arrêter le psaume suivant :

Ma chair n'est pas digne de Votre Toucher.
L'acolyte leur accorda ensuite sa bénédiction en dessinant sur leur front le cercle puis les dents d'un engrenages. Pour cela, il avait puisé dans les réserves de son huile bénie par ses propres soins.

Helveticus retourna enfin à la console pour y préparer ses rituels. Pendant les deux heures qui suivirent, l'acolyte agença ses parchemins et autres préparatifs malgré le sol incliné et récita de nombreux rituels et prières, parmi lesquels le Chant de Gratitude, le Vigor Mortis, les psaumes de redécouvertes, le rituel de Métensomatose et celui de Métempsycose. Il alternait entre litanies binaires ou hexamatiques et pianotements des gemmes sur la console.

Bien que son corps était entièrement dévoué à son acte, le mécadendrite optique de Matix ne quitta pas une seule fraction de seconde la Cyberchape et la troupe sensée la déplacer. MOC analysa lui aussi la manoeuvre et s'assurait que les consignes de l'acolyte soient respectées à la lettre.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 24 oct. 2019, 11:21
par Cyriatur
Les interlocuteurs de l’acolyte ne tardèrent pas à obtempérer, chacun en fonction de son tempérament : Tekh s’exécuta de façon servile, tandis que Seth suivait, l’air rêveur, muré dans une moue impavide. Tous deux se dirigèrent donc vers le mur opposé du vaste hangar, qui devait se trouver à quelques centaines de mètres, et contre lequel s’étaient accumulés des monceaux de conteneurs et débris divers. La tâche qu’on leur confiait était de taille, à la mesure des creux et talus irréguliers dessinant cet étrange relief intérieur les séparant de leur objectif. Loin derrière eux déjà, les surveillant indirectement par le biais de Moc et de sa propre mécadendrite, Helveticus s’affairait sur les rituels dictés par les préceptes du Mechanicus en cette situation. Tout à sa fervente litanie, l’acolyte s’évertuait à rendre honneur à l’esprit de la machine de l’appareil, comme il l’avait déjà fait lors de l’incident du Lex Machina. Mais cette fois-ci, quelque chose était différent.

Helveticus n’était pas étranger au silence assourdissant qu’il rencontra de prime abord, seuls les systèmes les plus primaires du vaisseau naufragé étant encore ponctuellement perceptibles via l’interface, comme autant de fugaces lignes de données rapidement happées par le néant environnant. Le technoprêtre se souvenait avoir entendu Seth expliquer maladroitement que cette épave lui apparaissait différente des autres, en ce qu’il y percevait encore une présence. Helveticus peinait quant à lui à trouver âme qui vive en ce grand corps tombé du ciel, mais la doctrine du Mechanicus lui interdisait tout découragement en la matière. Il se devait de tenter de ranimer jusqu’au plus modeste fragment du Corpus Mechanicus qui croiserait son chemin.

Jet de perception (HAB+INI/2) avec bonus : 11, réussite sur le fil.
Une heure passa, pendant laquelle Helveticus garda un œil sur la progression -devenue difficile aux abords des décombres- de Seth et Tekh. L’acolyte était pour ainsi dire en transe, profondément absorbé par ses cantiques et litanies rituelles. Son interface lui renvoyait des signaux aussi ténus qu’irréguliers provenant des systèmes avec lesquels il tentait en vain de converser.

Il fallut un événement réellement singulier pour le distraire de sa tâche, quelque chose que ses cogitateurs interprétèrent comme un signal alarmant. Au beau milieu des cantiques, une plainte lugubre résonna au sein des systèmes, alors même qu’une onde discordante de données d’apparences atypiques déchiraient le néant entre l’acolyte et la machine. Le bruit retentit pendant quelques secondes, avant de s’évanouir comme il était survenu. Les cogitateurs d’Helveticus lui confirmèrent immédiatement qu’aucun son n’avait réellement résonné, impliquant que son cerveau avait probablement transcrit le flux de données en un signal similaire, plus intuitif à assimiler. Le jeune technoprêtre n’eut néanmoins pas le temps de se crisper face à cette réaction instinctive de sa faillible chair qu’une transmission directe de Moc le servocrâne déclencha une cascade de diagnostics alarmistes dans ses cogitateurs, prenant le pas sur toute autre préoccupation. Ses détectaugures faisaient état de mouvement aux jointures des murs avec le plafond du hangar : en maints points de l’endroit suintait lentement un liquide sombre et huileux, laissant une marque le long des parois à mesure qu’il se frayait un chemin vers le fond, suivant l’inclinaison de l’épave.

Re: [Helveticus Matix] Acte 1.2 : Investigation

Posté : 25 oct. 2019, 08:58
par Helveticus Matix
Étrangement, ce ne furent pas les êtres organiques qui posèrent problème à l'acolyte. Tekh et Seth écoutèrent plus ou moins attentivement les directives de Matix avant de partir à la conquête du hangar. Non, le problème venait de l'Esprit de la Machine. Malgré l'acharnement d'Helveticus pour établir le contact, le vaisseau restait silencieux. Pire, il semblait "vide". Les directives de l'acolyte étaient pour la plupart traitées correctement, mais avec la froidure qu'il avait ressentie dans la sonde anathème quelques heures plus tôt.

Pourtant, Helveticus ne pouvait se résoudre à considérer le vaisseau comme hérétique. La sensation était étrange : il ne sentait rien, mais il savait qu'il y avait quelque chose. Il ne captait pas l'existence de l'Esprit de la Machine, mais plutôt l'écho de sa présence. En effet, comme lorsque les hommes avaient retrouvé des traces d'eau sur Mars il y a des éons de cela, Matix déchiffrait des signes indiquant que cette machine n'était pas "vide", contrairement à la sonde anathème.

Helveticus était au tout début de son long périple vers l'élévation et il avait encore bien des choses à apprendre. Son premier contact avec l'Esprit de la Machine du Lex Machina n'était pas un événement banal. Des technosphères avaient passé des siècles à tenter, sans le moindre succès, d'entrer en contact avec un Esprit de la Machine. Helveticus en avait touché un avant même de devenir Adepte. Ce ne pouvait être de la chance, les probabilités étaient bien trop basses et depuis, l'acolyte se savait être un individu exceptionnel à la formidable destinée.

Cela ne signifiait pas pour autant que tout lui serait offert sur un plateau d'argent. Apaiser un Esprit de la Machine comateux est un immense honneur en soi. S'attendre à ce que chacune de ces interactions soit récompensée par l'apparition de cette figure divine serait faire preuve d'un niveau d'arrogance dont même Helveticus était incapable. Si l'Avatar refusait de se manifester, Matix se satisferait de l'acte accompli et du présent offert par l'âme du vaisseau.

Mais alors que l'acolyte s'était fait à l'idée de laisser l'Esprit dans son coin et de l'apaiser à distance, quelque chose d'inattendu lui glaça le sang. Un hurlement binaire, une plainte numérique, un cri cybernétique, Matix n'aurait su comment le définir correctement, mais une chose était sure : il l'associait malgré lui à un son. L'origine était lointaine et indéfinissable, comme un grondement émergeant du centre de la planète.

Toute la structure numérique de l'espace cybernétique du vaisseau vacilla, secouée par cette furieuse vague de binaire. Tétanisé, l'acolyte chancela. Ses capteurs externes lui indiquèrent que le monde physique n'avait aucunement ressenti où exprimé cette manifestation. Pourtant, une chose était sure : le vaisseau souffrait terriblement!

Comme pour amplifier la panique de Matix, ses cogitateurs déclenchèrent une série d'alertes après avoir reçu les dernières analyses de MOC. La structure du hangar cédait, certes lentement mais surement, laissant échapper de fines mais inéluctables coulées d'huile sombre. Le vaisseau saignait...

Horrifié, Helveticus pensa tout d'abord a la quantité de précieux cargos qui allait être ainsi perdu, et envisagea de lui-même plonger dans le hangar pour en récupérer un maximum. Mais il se réprimanda rapidement, la vérité était bien plus sombre que cela : l'arrivée du groupe et les tentatives de Matix de réveiller l'Esprit de la Machine semblaient avoir blessé cette dernière. Le léviathan, calmement endormi, s'était agité de spasmes et avait rouvert de vieilles et fragiles plaies. Au lieu de l'apaiser, l'acolyte lui avait causé d'atroces souffrances et faisait couler son sang!

Cette perspective fit sombrer Helveticus dans un gouffre de terreur. Il avait l'impression d'avoir commis un acte blasphématoire, d'avoir injurié l'Omnimessie et crache sur les préceptes de la force Motrice. Sans la présence de ses stricts protocoles internes, peut-être se serait-il donne la mort ici même sous l'impulsion. Un Esprit de la Machine, un fragment du Deus Machina, hurlait a la mort a cause de lui. Sa bibliothèque de données ne parvenait à trouver pire crime commis par un prêtre du Mechanicus.

Non, c'était impossible! Le vaisseau l'avait attiré en son sein. A travers Seth, il avait guidé Matix pour que ce dernier le rejoigne et apaise son Esprit meurtri. Helveticus ne faisait qu'accomplir son devoir, il savait qu'il ne s'était pas trompé dans l'exécution de ses rituels. Soigner un malade impliquait parfois de lui causer plus de souffrances avant la rémission.

Être un adepte du Mechanicus impliquait de pouvoir endurer une immense quantité de souffrances pour apaiser celles des machines. Or, pour Matix, causer la souffrance d'un Esprit de la Machine, même pour le soigner, était la pire des torture. Pourtant, il ne s'arrêterait pas, car il savait que c'était la volonté du Dieu Machine. Il avait un devoir à accomplir et l'ignorer serait le pire des blasphèmes.

MOC conseilla donc a la troupe de ne pas trop tarder, sans pour autant trop les presser et risquer le faux pas. Endommager la Chair Véritable serait aussi un affront immense envers l'Esprit de la Machine qui la leur avait offert.

Pendant ce temps, Helveticus se replongea sur la console et redoubla d'acharnement pour ses rituels. Il allait arracher l'épine du pied de l'Avatar, causer un peu de souffrance supplémentaire pour que cette dernière finisse par complètement disparaitre.